2020 : quel avenir pour l’école ?

Non, 2020 ne sera pas une bonne année pour les enseignants, ni 2020 et la réforme des retraites ni les années suivantes, à entendre les échos de ce qui se prépare sur le statut des fonctionnaires (plus de précarisation), le service des enseignants (plus d’obligations), le recrutement (plus de professionnalisation), les programmes et les nouvelles épreuves…

Ce ne sera pas une bonne année pour un système éducatif qui semble perdre son âme, son histoire et sa vocation.
Ce ne sera pas une bonne année pour la revalorisation des enseignants.
Ce ne sera pas une bonne année pour les futurs bacheliers.
Ce ne sera pas une bonne année pour le nouveau bac, les E3C et les rafistolages de programmes et d’épreuves.
Ce ne sera pas une bonne année pour la lutte contre les inégalités.
Ce ne sera pas une bonne année pour la confiance (définitivement perdue).
Mais à quoi bon égrener les sujets d’inquiétude ou de colère ? Les enseignants, grévistes ou non, savent bien d’eux-mêmes tout ce qui s’amoncelle au-dessus de leur tête. Tout ce qui s’apprête à se dégrader. Eux oui, mais les autres ?
Le plus décourageant, le plus cruel, c’est encore l’indifférence de l’ensemble de la société face à l’abandon du monde enseignant. Jamais une voix parmi la classe politique, jamais une voix parmi la classe intellectuelle, artistique ou universitaire, pour apporter un soutien spécifique aux luttes enseignantes ; Il n’y aura jamais de cagnotte pour les profs grévistes, un suicide d’enseignant – pourtant 58 en 2018-2019 – ne provoquera jamais d’électrochoc, la guerre de l’opinion sera toujours perdue.
Et pourtant, que serait un monde sans école, une société sans professeurs, sans maîtres, sans éducateurs ? Que serait notre pays sans initiateurs aux savoirs et aux techniques, sans accoucheurs de conscience et d’esprit critique ? Quel auteur de science-fiction, quelle utopie négative oserait peindre une France réduite à un désert éducatif, renvoyée à un abandon intellectuel et moral de sa jeunesse ? Ce que l’on n’ose imaginer est pourtant ce que l’on ose bien laisser advenir.
Parce que les enseignants ont besoin de reconnaissance, parce que la dignité de leur mission doit être incontestée jusque dans leur pension de retraite, parce que leur métier ne peut être traité avec mépris, on aimerait rêver pour 2020 une autre histoire scolaire pour la France.

Pascal Caglar

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Pascal Caglar
Pascal Caglar

4 commentaires

  1. Rien à ajouter ni à retrancher. On aimerait en effet lire quelque chose sous les plumes des politiques et des intellectuels. Mais bon, les professeurs et autres professionnels de l’éducation sont invisibles.

  2. Je suis extrêmement touchée par votre article très réaliste. Ce qui se passe dans le premier et second degré est affligeant. Sans compter les récupérations de l’école par des entreprises privées ou des banques. Alexandra

  3. Texte impeccable. Tout y est dit sobrement. Il faudrait lui donner une diffusion plus large. Le publier par exemple dans le Monde ou un autre journal, et le faire signer par des milliers d’enseignants.

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