Au sommaire de "l'École des lettres", 2, 2015-2016
L’École des lettres poursuit dans son numéro 2, d’octobre-novembre 2015, l’exploration de la création contem-poraine, et présente des œuvres marquantes accessibles aux élèves – bande dessinée, romans, films – qui permettent, notamment, une réflexion distanciée sur les grands thèmes de société qui font la une des médias.
L’accent est également mis sur la redécouverte d’un classique, Frankenstein, de Mary Shelley, dont une nouvelle adaptation cinématographique sera prochainement dans les salles.
2016 constituera le deuxième temps fort des commémorations de la Première Guerre mondiale : l’École des lettres s’associera dans une prochaine livraison à ces manifestations, qui mobilisent de nombreux établissements, en présentant des analyses d’œuvres qui évoquent cette période.
La langue française évolue, mais quels usages suivre, et comment l’enseigner ? Quatre essais pour faire le point sur le sujet, sans omettre, au-delà de l’école, la question de l’alphabétisation en entreprise et la situation de ces “gens qu’on voit mais qu’on ne regarde pas »…
Comment prendre en charge sa première classe ? De quelle manière concevoir une progression annuelle ? Ces questions sont abordées avec, en toile de fond, une réflexion sur la réforme du collège applicable en 2016 – sur laquelle vos avis sont bien sûr très attendus.
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Bande dessinée
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◆ Le Sculpteur, de Scott McCloud, par Marie-Hélène Giannoni.
C’est un projet ambitieux, sinon risqué, que de vouloir passer du statut de critique et théoricien à celui d’auteur. C’est pourtant le pari que réussit Scott McCloud avec Le Sculpteur, un roman graphique de près de cinq cents pages qui vient de paraître aux éditions Rue de Sèvres.
Scott McCloud fut, dans les années 1980, le créateur de Zot !, une série de science-fiction humoristique en BD qui lui vaudra une forme de légitimité auprès de ses pairs, mais n’en demeurera pas moins confidentielle. Ce n’est donc pas par la fiction qu’il obtiendra le succès, mais par un ouvrage théorique, L’Art invisible. Comprendre la bande dessinée (1999), une bande dessinée sur la bande dessinée qui fera date dans les années 1990.
Cet essai dessiné, d’une lecture aussi aisée que passionnante, a donné ses lettres de noblesse à un genre alors sous-estimé par le public et délaissé par la critique.
Avec Le Sculpteur, Scott McCloud ouvre une réflexion vertigineuse sur la question existentielle du choix : que faire de sa vie lorsqu’on est artiste ? À quoi renoncer ? Quel est le prix à payer ? – Un pacte faustien.
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2015-2016 : année Frankenstein !
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◆ Frankenstein, de Mary Shelley, par Stéphane Labbe.
Oui, le célèbre docteur et sa macabre créature reviennent le 25 novembre prochain, dans le film de Paul McGuigan, Docteur Frankenstein, avec James McAvoy dans le rôle du scientifique et Daniel Radcliffe, ex-Harry Potter de cinéma, dans celui (inventé pour les besoins du scénario) de son fidèle assistant.
La créature ne s’en tiendra pas là. Elle réapparaîtra, en effet, en 2016, à l’occasion d’un colloque international organisé par l’université de Genève, « Frankenstein, le démiurge des Lumières », commémorant le deux centième anniversaire de la rédaction du livre par Mary Wollstonecraft Shelley.
Il est donc temps de réviser ses classiques et de se pencher à nouveau sur ce chef-d’œuvre de la littérature gothique et sur l’une de ses adaptations cinématographiques les plus emblématiques, celle qu’en donna James Whale en 1931…
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Actualité littéraire
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◆ Le Beau Temps, de Maryline Desbiolles, par Norbert Czarny.
Il a composé la musique de Zéro de conduite, de L’Atalante, du Jour se lève… François Truffaut, qui aimait son Concert flamand, l’avait repris dans une scène emblématique de La Chambre verte.
Le cinéaste y interprétait le rôle principal, celui d’un homme fidèle aux morts, leur dressant une chapelle ardente. On voyait fugitivement une photo de Maurice Jaubert.
Cette séquence, qui a bouleversé Maryline Desbiolles, est le point de départ du livre qu’elle consacre aujourd’hui au musicien…
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◆ Lettres à son ami allemand Hellmut Waller (1967-1998), de Michel Tournier, par Mathilde Bataillé.
Michel Tournier s’est souvent exprimé sur son admiration pour les conteurs car, dit-il, il tient « beaucoup à l’oral », tout en étant « contre la lecture à haute voix ». Un bon orateur, selon lui, n’est pas celui qui lit pour un public, aussi émouvant soit-il, mais celui qui manie l’art de l’improvisation et de la création spontanée.
Or, c’est bien dans leur oralité paradoxale que résident l’originalité et la saveur de ces Lettres parlées présentées et annotées par Arlette Bouloumié.
Paradoxale, car il fallait l’esprit malicieux de Michel Tournier, toujours prompt aux détournements, pour s’approprier les codes de la lettre traditionnelle et transformer sa correspondance avec son ami allemand Hellmut Waller en discours parlé et improvisé, dont l’enregistrement sur cassettes permet de traverser la frontière et le temps.
Paradoxale encore, car qui lit ces « lettres » sans en connaître la nature ne peut deviner, compte tenu des talents d’orateur de l’écrivain, qu’elles doivent leur transposition écrite à la démarche d’Arlette Bouloumié, spécialiste de l’œuvre de l’auteur et créatrice du fonds Tournier de l’université d’Angers.
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◆ La Septième Fonction du langage, de Laurent Binet, par Yves Stalloni.
Tout le monde n’aimera pas – des réserves, parfois acides, se sont déjà exprimées –, certains pourront repérer ici et là quelques facilités, quelques complaisances, quelques longueurs, mais nul ne pourra contester au dernier livre de Laurent Binet ses qualités d’originalité, d’érudition, de fantaisie, d’humour et de savoir-faire.
Si l’on consent à faire abstraction de la portée gentiment polémique de l’ouvrage, qui choisit de faire apparaître, dans des situations rarement avantageuses, quelques esprits brillants du dernier tiers du XXe siècle, ce roman aurait mérité de figurer au palmarès des grands prix littéraires d’automne.
La Septième Fonction du langage a reçu le prix du roman FNAC 2015, décerné par un jury dont, sans doute, aucun membre n’est égratigné par la prose du facétieux agrégé de lettres, ex-professeur dans une ZEP de Créteil…
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◆ Un cheval entre dans un bar, de David Grossman, par Norbert Czarny.
Dovalé Grinstein est un artiste de stand-up. Il va d’un bar miteux à l’autre pour faire son numéro. Au programme, improvisations sur l’actualité, apostrophes au public et petites blagues.
Ainsi en raconte-t-il une sur un pauvre type que personne ne veut accompagner à une finale de match de football dont il offre l’entrée. Un type qui a la poisse, un peu comme lui…
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◆ Le Collège de France. Cinq siècles de libre recherche, par Yves Stalloni.
En 2017, c’est-à-dire très bientôt, le Collège de France fêtera son demi millénaire d’existence. En réalité, l’établissement qui s’appelait encore «Collège royal» ne recevra ses premiers professeurs ou «lecteurs royaux» qu’en 1530, mais l’idée jaillit en 1517, et elle revient à François Ier.
Il s’agit de créer une institution susceptible de rivaliser avec les lieux de rayonnement artistique et intellectuel des pays voisins, et notamment de l’Italie.
Il faudra trois décennies pour que le projet prenne corps car, comme le dit l’article liminaire, « la volonté de doter la France d’un foyer humaniste cautionné par la royauté rencontre maintes difficultés ».
Nous passerons sur ces difficultés (longuement expliquées) et nous attacherons plutôt aux précieuses informations contenues dans cet ouvrage cosigné par Antoine Compagnon, Pierre Corvol et John Scheid. Son titre met l’accent sur l’essentiel : Le Collège de France.
Cinq siècles de libre recherche, avec un mot à retenir, l’adjectif « libre ». L’institution est, en effet, indépendante de l’université, du pouvoir en place et de toute autorité extérieure, même si l’on est sensible au paradoxe d’« un espace de liberté créé par le pouvoir central».
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Cinéma
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◆ Fatima, de Philippe Faucon, par Jean-Marie Samocki.
Fatima vit seule avec ses deux filles : Souad, quinze ans, adolescente en révolte, et Nesrine, dix-huit ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles.
Toutes deux sont sa fierté, son moteur, son inquiétude aussi.
Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés.
Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu’il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles…
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◆ Adama, de Simon Rouby, par AMarie Petitjean.
Adama, douze ans, vit dans un village isolé d’Afrique de l’Ouest. Au-delà des falaises s’étend le Monde des Souffles. Là où règnent les Nassaras.
Une nuit, Samba, son frère aîné, disparaît. Adama, bravant l’interdit des anciens, décide de partir à sa recherche. Il entame, avec la détermination sans faille d’un enfant devenant homme, une quête qui va le mener au-delà des mers, au nord, jusqu’aux lignes de front de la Première Guerre mondiale. Nous sommes en 1916…
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◆ Sortir de l’amnésie. Les lendemains de la Shoah en Allemagne, par Anne-Marie Baron.
Quatre films ont traité récemment des lendemains de la Shoah en Allemagne, quatre films qui témoignent d’un état précis de l’histoire de la représentation cinématographique de la Shoah :
Le Labyrinthe du silence, de Giulio Ricciarelli,
Amnesia, de Barbet Schroeder,
La Femme au tableau, de Simon Curtis,
Phoenix, de Christian Petzold.
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Expositions, commémorations
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◆ « Osiris. Mystères engloutis d’Égypte », à l’IMA, par Olivier Bailly.
Le mystère demeure. Sans cesse les hommes veulent l’éclaircir, lever le voile. Mais il se dérobe toujours. Louons cependant la ténacité des chercheurs qui, à la manière d’Isis reconstituant le corps démembré d’Osiris, réparent sans cesse, recollent les morceaux.
Depuis 1997, l’archéologue français Franck Goddio mène des fouilles dans la baie d’Aboukir, à une vingtaine de kilomètres d’Alexandrie, à l’ouest du delta du Nil. C’est ici que le fondateur et président de l’Institut européen d’archéologie sous-marine a découvert, avec son équipe, les cités de Thônis-Héracléion et de Canope, sous les eaux depuis le VIIIe siècle.
Commissaire de l’exposition « Osiris. Mystères engloutis d’Égypte », à voir jusqu’au 31 janvier 2016 à l’Institut du monde arabe (IMA), il présente deux cent cinquante objets retrouvés lors de ses expéditions, dont plusieurs relatifs aux « Mystères d’Osiris », ces fêtes rituelles qui célébraient chaque année l’un des dieux fondateurs de la civilisation égyptienne.
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◆ 1916-2016 : commémoration de la Première Guerre mondiale, par Alexandre Lafon.
L’année 2014 a marqué l’ouverture du cycle commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale. À cette occasion, la communauté éducative s’est fortement investie dans la mise en œuvre de projets pédagogiques souvent innovants, pluridisciplinaires et ouverts sur la découverte des mémoires locales et nationales.
Entre 2013 et 2015, la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale a labellisé plus de huit cent cinquante projets remarquables émanant de toutes les académies, métropolitaines et ultramarines. Ces projets ne sont que le reflet de centaines d’autres initiatives qui ont fleuri sur l’ensemble du territoire, et ont amené les élèves du primaire et du secondaire, parfois en lien avec des étudiants de l’université ou d’écoles de journalisme, à interroger un passé qui a pu, dès lors, prendre sens au présent.
L’année 2016 marque le deuxième temps fort des commémorations. Elle s’inscrit dans le souvenir des deux batailles de Verdun et de la Somme qui ont rythmé les événements militaires de 1916 et laissé une empreinte mémorielle durable.
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La langue française et son enseignement
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◆ L’alphabétisation en entreprise, par Sai Beaucamp Henriques.
À l’occasion de la Journée internationale de l’alphabétisation et de la Semaine nationale d’action contre l’illettrisme, l’association d’entreprises B.A. ba Solidarité organisait le 7 septembre dernier, au siège de La Poste, à Paris, une soirée réunissant ses partenaires afin de présenter les projets de tutorat et de formation en compétences clés qu’elle mène auprès des agents d’entretien de L’Oréal, Orange, TF1, La Poste, Manpower, Publicis et la SNCF…
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◆ Orthographe, règles et usages… en quatre livres, par Frédéric Palierne.
Quelques auteurs ont récemment tenté de fixer le cadre des règles qui régissent notre langue, laquelle – on le sait – ne cesse d’évoluer. Alain Borer, poète et fin connaisseur du français, les académiciens du site « Dire, ne pas dire » aussi bien que Julien Soulié ou Roland Eluerd s’attellent à en rendre compréhensibles la logique autant que les mésusages.
Brusque prise de conscience ou combat de la dernière chance ?
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Actualités pédagogiques
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◆ Réforme du collège : pourquoi ça coince, par Pascal Caglar.
Il y a déjà cinquante ans, Hannah Arendt, analysant la crise de l’éducation aux États-Unis, mettait en avant une mutation dans l’enseignement américain, qui renonçait à une tradition humaniste pour se vouer aux toutes nouvelles sciences de l’éducation.
C’était le modèle de l’autorité et de la tradition, de la transmission et du respect, qui était fragilisé, voire abandonné, au profit d’un modèle pédagogique centré sur l’élève, ses aptitudes, son développement.
Dans l’école de la France du XXIe siècle, s’il y a crise, elle ne vient pas de l’effondrement du modèle humaniste, mais de la volonté de faire coexister deux modèles concurrents.
Là où les États-Unis ont fait le choix de la succession dans le temps – le pédagogisme pour tous dans le secondaire, puis la culture et le savoir dans le supérieur –, la France, fidèle à son histoire, cherche à tenir conjointement humanisme et pédagogisme, visant une coïncidence impossible qui provoque réforme sur réforme.
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◆ Du CAPES à la classe, par Antony Soron.
Il n’y a pas si loin entre les premiers jours de juillet (les oraux du CAPES de lettres se clôturant le 3 juillet) et ceux de septembre, quand vient le temps de vivre sa première rentrée des classes en tant que professeur.
À la joie légitime d’avoir obtenu le sésame d’un concours administratif de catégorie A se greffe ainsi la crainte non moins légitime de se retrouver face aux élèves.
Bien sûr, au cours de l’année de M1 MEEF (celle où l’on passe le concours), les étudiants ont été conviés à participer à des stages d’observation de classe incluant de ponctuelles prises en charge de séances.
Néanmoins, et en dépit de son caractère indéniablement formateur, cette première approche, accompagnée par un tuteur de stage dans sa ou ses classes, ne saurait être comparée à la réalité de la solitude du jeune professeur, une fois refermée la porte de sa salle de cours. Il y aurait mille conseils à donner à ceux et celles qui s’engagent dans la carrière, des conseils si nombreux qu’un dictionnaire des savoir-faire pédagogiques n’y suffirait pas.
Le présent article ne revendique donc ni la modélisation ni l’exhaustivité. Il propose simplement de prendre le problème par un bout : celui du nouveau rapport au temps qu’induit le métier d’enseignant.
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◆ Programme et progression annuelle, par Pascal Caglar et Antony Soron.
Définir une progression annuelle, c’est inscrire un programme dans une année scolaire. Parce qu’elle relève davantage d’une nécessité pratique que d’une prescription officielle, la progression annuelle est, dans la prose ministérielle, plus souvent illustrée par des exemples de plans de cours modèles, empruntés à tels ou tels collèges ou lycées, que l’objet d’un discours normatif.
Des éléments de cadrage seraient pourtant nécessaires, dans la mesure où les programmes (jusque dans la réforme de 2016) s’articulent sur des séquences et, par conséquent, supposent la prévision et la planification d’un calendrier pédagogique.
Il faut remonter à un séminaire de 2007 («Comment traiter un programme») pour trouver sous la plume d’un IGÉN (groupe histoire et géographie), Bruno Mellina, des indications et des recommandations…
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Concours
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◆ Concours Nouvelles avancées
Depuis 2010, date de sa création à l’ENSTA ParisTech, le concours de nouvelles Nouvelles avancées a pour objectif de rapprocher sciences et littérature en proposant à différents publics de rédiger une nouvelle autour d’une thématique inspirée par l’actualité scientifique.
Le concours distingue trois catégories : étudiants scientifiques, élèves et classes du secondaire et grand public.
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◆ Concours de l’Imagier des dix mots, Concours des dix mots
Chaque année, dix mots sont proposés par les partenaires francophones – France, Belgique, Québec, Suisse et Organisation internationale de la Francophonie qui regroupe quatre-vingts États et gouvernements dans le monde – comme supports de création et de réflexion.
La thématique retenue pour l’année 2015-2016, Dis-moi dix mots en langue(s) française(s), met l’accent sur la profusion de termes et d’expressions qui expriment des réalités et des cultures différentes, selon que l’on se trouve à Bruxelles, Kinshasa, Genève, Port-au-Prince, Montréal ou Paris.
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• Pour commander le numéro 2, 2015-2016 (96 pages, 10 € franco de port), écrire à L’École des lettres, 11, rue de Sèvres, 75006 Paris.
• Tous les sommaires de 2008 à 2015.
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Bravo et merci pour ce nouveau numéro encore une fois roboratif, riche et profond.
Encourager et aider les professeurs est une mission, mais plus encore un devoir à une époque où ils sont fragilisés par des réformes mal pensées et tous les jours”au front”.