Débordé !

Tous ceux qui comme moi sont partis pied au plancher, ont fini la semaine épuisés.
Tout a commencé lundi avec les codes d’accès, les numens, les identifiants, les adresses académiques, les services du ministère, les ENT, le CNED… et toutes ces connexions qui plantaient, ces liaisons qui rompaient, ces plateformes qui saturaient, ces mails qui circulaient entre nous, témoignages de crises de nerf, d’appels au secours, de prières au saint patron des informaticiens. Mais c’est qui le patron du numérique ? C’est qui ? Dites-le nous là haut !
Bref, ce premier jour d’isolement fut un jour de grande solitude, mais aussi un jour de grande solidarité. Distanciation peut-être, mais pas désocialisation.

Puis ça a démarré. Le travail a été lancé, les devoirs, les leçons, les exercices, les ressources, les webcam, les micros, et bien sûr à l’autre bout les élèves. Ce n’est pas la classe à la maison qui alors a été découverte, c’est le travail à la maison que les élèves ont redécouvert. Car chacun d’entre nous, fougueusement, généreusement, a montré à tous, aux élèves, aux parents, au ministre, à la France entière qu’un prof travaille et fait travailler ses élèves.
D’ailleurs, du côté de chez moi, depuis cette semaine, on ne sourit plus, narquois, quand je dis : « Je travaille à la maison » on dit : « Finalement vous faites du télétravail vous aussi ! C’est du boulot ! » C’est le bon côté du coronavirus, les gens ont compris qu’un prof, à la maison, il est aussi au travail.
Au travail et débordé. Car à donner des leçons, des questions, des exos, des fichiers, chacun de nous s’est retrouvé très rapidement avec une avalanche de préparations, de corrections, de sollicitations, de restitutions.
Dix heures par jour sur son ordinateur, un emploi du temps qui explose. Non vraiment, il est difficile de savoir si on tiendra ce rythme pendant trois, quatre semaines ou plus.
Alors de grâce, que nul ne vienne nous dire que la fin de l’année scolaire sera reportée au 14 juillet ou au delà en raison de la fermeture des établissements scolaires. Parce que vraiment, vraiment, le confinement c’est pas des vacances. Ni pour les profs, ni pour les élèves.

Pascal Caglar

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Pascal Caglar
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