Jean-Jacques Rousseau et Gérard de Nerval : nostalgie, rêverie et chimère

Le romantisme a fait de la nostalgie l’une des dimensions essentielles de la sensibilité moderne. Désormais le cœur domine, il a sa langue et ses raisons. En fait, c’est le XVIIIe siècle qui a donné à la nostalgie cette importance dans une personnalité où la sensibilité prend le pas sur l’entendement. Rousseau est certainement l’un des initiateurs de ce nouveau mode d’existence. Or son histoire particulière et son caractère l’ont incité, après la tendance aux « Confessions », à dominer cette invincible nostalgie par la construction d’un univers imaginaire, celui de la rêverie. De même Nerval, au lieu de se complaire dans cette mélancolie chère aux romantiques, se bâtit un monde mental, celui de la chimère, où il se réfugie pour moins souffrir. Il est frappant de constater une telle ressemblance dans la démarche de ces deux auteurs. Cet article se propose d’en comprendre les causes.