L’art et la manière… Christian Poslaniec : un long compagnonnage à « l’école des loisirs »

L’histoire commence quelque part en Normandie, sous la pluie. À l’entrée du village, une banderole annonce une «Journée du livre jeunesse ». Je me gare, cours vers le chapiteau où se déroule la manifestation : il y a là quelques pékins et un inconnu, sur scène, qui pérore et prétend qu’aucun manuscrit de qualité ne saurait échapper à la sagacité des éditeurs jeunesse. Alors j’explose ! Dans cette période post-soixantehuitarde, avec la complicité de quelques peintres des Beaux-Arts, j’avais écrit un chef-d’œuvre édifiant, pour les jeunes, _La fée qui ne croyait pas aux fées_, un album bavard. Je l’avais proposé à plusieurs éditeurs, qui l’avaient refusé sèchement ou m’avaient éconduit. Or, prof d’école normale, je ne connaissais alors que les éditeurs scolaires. Après ma diatribe féroce, je quitte le chapiteau la tête haute, les dents serrées, et retourne à ma voiture. Quelqu’un, sorti derrière moi, me rattrape et me demande : – Vous êtes venu nous voir ? – Nous qui ? – _l’école des loisirs._ – Connais pas ! C’était Jean Delas. Quelques jours plus tard, j’étais reçu par Jean Fabre, et nous avons parlé plusieurs heures d’affilée. J’en suis ressorti convaincu que mon premier livre pour enfants était nul. Et avec une commande !
Niveau(x) d'études :
Tous niveaux
Programmes :
littérature de jeunesse
Fichier(s) lié(s) :
Abonnez-vous pour acceder aux fichiers...
Page(s) :10