"Le Crocodile trompeur", d'après "Didon et Énée", de Purcell

"Le Crocodile trompeur", Théâtre des Bouffes du Nord. © Victor TonelliSi la dernière représentation du Crocodile trompeur, d’après l’opéra Didon et Énée, de Purcell, a été donnée à la MC2 de Grenoble cette semaine, et si les crocodiles au bord de l’Isère ont disparu, signalons la reprise de la pièce à la fin du mois aux Bouffes du Nord, à Paris.
Du théâtre furieusement musical où l’on entend bien la partition originelle, à la lettre dans le majestueux finale, parfois aussi avec une touche façon Carla Bley ou Steve Reich dans les arrangements pour octuor de Florent Hubert.
Un théâtre plein d’invention interprété par douze comédiens également chanteurs et musiciens qui délivrent un spectacle aussi excessif, drôle et émouvant que peuvent l’être ceux de ces autres contemporains experts en décalage que sont Yolente de Keersmaeker, Vincent Macaigne, Jan Lauwers, Jean-François Sivadier ou… Peter Brook. Avec un taux de fantaisie déjantée chez cette Didon aliénée qui rappelle quand même plutôt les premiers cités.

Nous, professeurs, nous demandons parfois ce que deviennent nos anciens élèves… J’ai eu la surprise et le plaisir de retrouver sur scène Vladislav Galard, que j’avais connu un peu plus tôt (il y a vingt-cinq ans quand même) comme élève de la section francophone de l’École européenne de Bergen, aux Pays-Bas, où j’enseignais alors. On a pu le croiser aussi depuis devant la caméra de Philippe Garrel ou sur les plateaux de Sylvain Creuzevault – notamment dans Notre Terreur en 2010.
Au même titre que la voix étonnante de Judith Chemla qui incarne le rôle de Didon, il est à mes yeux l’une des belles surprises de ce spectacle baroque et trash, les metteurs en scène Samuel Achache et Jeanne Candel lui assignant pour tâche à maintes reprises d’être leur porte-voix dans leur entreprise – “Joke ! I was jokin’ !” – et de fournir le contrepoint à ce tragique Didon de la farce.

Robert Briatte

 
• “Le Crocodile trompeur / Didon et Énée” au théâtre des Bouffes du Nord.
• Et toujours à Paris : “Doute” au Petit Hébertot jusqu’au 4 janvier et “Ravel” d’après le récit de Jean Échenoz jusqu’au 31 décembre aux Artistic Athévains.
 

Robert Briatte
Robert Briatte

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