Parcoursup : piqûre de rappel pour la session 2023

La cinquième session de Parcoursup s’est achevée le 16 septembre dernier. La plateforme d’orientation post-bac créée en 2018 continue de susciter des critiques et de nourrir les angoisses des futurs étudiants et de leurs familles. Repères pour les concerné·e·s cette année.
Par Ludmilla Soron, étudiante de troisième année à Sciences Po Paris, et Antony Soron, maître de conférences HDR, formateur agrégé de lettres, Inspé Paris Sorbonne-Université

La cinquième session de Parcoursup s’est achevée le 16 septembre dernier. La plateforme d’orientation post-bac créée en 2018 continue de susciter des critiques et de nourrir les angoisses des futurs étudiants et de leurs familles. Repères pour les concerné·e·s cette année.

Par Ludmilla Soron, étudiante de troisième année à Sciences Po Paris, et Antony Soron, maître de conférences HDR, formateur agrégé de lettres, Inspé Paris Sorbonne-Université

Parcoursup apparaît comme le résultat d’une tension entre le nombre de candidatures déposées pour une entrée dans les études supérieures après le bac, et le nombre de places proposées. Avant l’inauguration de cette plateforme en 2018, sa prédécesseure, Admission post-bac (APB) souffrait déjà d’un excédent de candidatures.

APB avait été créée en 2002 afin d’effectuer spécifiquement les admissions en classes préparatoires, avant d’être élargie à toutes les autres dans les études supérieures. En 2017, une circulaire du ministère de l’Éducation nationale légitimait le tirage au sort dans les filières dites « en tension », situation connue mais non mise à jour jusqu’alors. Cette année-là, 110 licences « en tension » ont dû se résigner à procéder au tirage au sort parmi plus de 35 000 candidat·e·s. Posant la question de la réelle égalité des chances, ce processus jugé inique fut vertement critiqué. En janvier 2018, la version 2.0 de la plateforme, Parcoursup, voyait le jour.

Vers une simplification de la procédure de vœux

La session 2023 de Parcoursup a officieusement ouvert le 20 décembre 2022 avec l’activation du site internet et la fonction de recherche de formations, disponibles pour tou·te·s les élèves. Officiellement, la « course aux vœux » débute le 18 janvier 2023 et devrait rassembler près de 950 000 candidat·e·s, pour la plupart en terminale. Les élèves ont jusqu’au 9 mars pour formuler des souhaits d’orientation sur la plateforme, parmi les quelques 21 000 formations disponibles. Après le 9 mars, s’il n’est plus possible d’ajouter, de modifier ou d’annuler des vœux, les élèves pourront compléter leur dossier de candidature et valider leurs choix jusqu’au 6 avril.

Les vœux sont variés. Pour les lycéen·ne·s et étudiant·e·s en réorientation, ils sont limités à 10, avec, pour certaines filières, la possibilité d’effectuer un « vœu multiple » allant jusqu’à dix sous-vœux. C’est le cas, notamment, pour les BTS, les classes préparatoires ou encore les licences les plus demandées. Pour autant, le choix des vœux n’est pas le seul élément important de la procédure de sélection. Les formations demeurent particulièrement attentives au dossier de candidature, qui comprend le projet de formation motivé, ainsi que la rubrique « activités extrascolaires », souvent déterminante pour certaines formations.

Focus sur le processus de sélection

Chaque formation dispose de ses propres critères pour sélectionner les futures promotions. Un regard précis est notamment porté sur les bulletins scolaires de première et des deux premiers trimestres de terminale, avec une attention particulière aux coefficients de matières estimées déterminantes. Les appréciations sont scrutées au peigne fin, de même que le positionnement dans la classe pour les filières les plus sélectives, le projet de formation motivé et la fameuse fiche Avenir .

Parmi les 936 000 candidats ayant confirmé au moins un vœu l’an dernier, 59,4 % d’entre eux étaient issus d’un bac général, 22 % d’un bac technologique et 18,6 % d’un bac professionnel. Parmi les filières les plus demandées, les licences en droit, Staps et psychologie arrivent en tête du palmarès, sans compter les candidatures pour les filières santé. Ces dernières sont réparties entre les Ifsi (instituts de formation en soins infirmiers), la célèbre Pass (ex-Paces, qui vise à sélectionner les futurs étudiants en médecine, pharmacie, chirurgie dentaire, kinésithésie-thérapie et obstétrique (sage-femme) et les LAS).

Nouveauté de la réforme des études de médecine, la licence « santé » permet de diversifier les profils et d’arriver en deuxième année de médecine après avoir passé une année de licence option « santé ». Le concours d’entrée à Sciences Po rencontre aussi un franc succès, de même que le concours des Instituts d’études politiques. Côté BTS, les demandes sont également nombreuses, avec une priorité d’admission pour les étudiant·e·s issu·e·s de baccalauréats technologiques ou professionnels.

Un très long processus…

La phase de sélection va s’enclencher le 6 avril 2023, et les formations auront alors jusqu’au 1er juin pour choisir les candidat·e·s, en fournissant une réponse pour chacun·e, sous la forme suivante :« non », « oui » ou « oui en attente », cette dernière proposition permettant à des candidat·e·s moins bien classé·e·s d’obtenir une place à l’issue de la procédure, tout en entretenant le suspense – voire l’angoisse – qui peut durer jusqu’à la fin de l’été dans certains parcours.

En ce qui concerne les licences, une autre réponse est possible : « oui si ». Dans ce cas précis, le·la candidat·e est accepté·e dans la formation s’il ou elle suit un parcours de remise à niveau. Lorsque le.la candidat·e obtient deux réponses positives (souvent après un passage par la liste d’attente), il ou elle est supposé·e renoncer à une des réponses : ce qui fait mécaniquement remonter les listes d’appel. Il ou elle reste néanmoins en course pour les formations dont il ou elle attend une réponse. Précisons que la plateforme propose un affichage afin de donner une idée des chances d’intégrer la formation lorsque l’on est placé sur liste d’attente. Les points de repère étant le rang du dernier admis (2022), complété par le taux de remplissage de la formation.

Dernier recours pour les déçu·e·s de Parcoursup : la phase complémentaire se déroulant du 15 juin au 12 septembre et concernant des formations où des places sont encore vacantes.

L. S. et A. S.

Ressources

« Parlez-vous le Parcoursup ? » : l’illusion du choix d’entrée dans l’enseignement supérieur, Le Monde, 10 janvier 2022.
Parcoursup 2022 : 936 000 candidats ont confirmé au moins un vœu, ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 13 mai 2022.
Natacha Lefauconnier, « Parcoursup 2023 : quelles sont les nouveautés, comment faire ses vœux, quand attendre les réponses ? », Le Monde, 7 janvier 2023.
Soizig Le Névé, « Comment, en cinq ans, Parcoursup a instauré la sélection à l’université », Le Monde, 12 septembre 2022.


L’École des lettres est une revue indépendante éditée par l’école des loisirs. Certains articles sont en accès libre, d’autres comme les séquences pédagogiques sont accessibles aux abonnés.

Ludmilla Soron et Antony Soron
Ludmilla Soron et Antony Soron