Montaigne et Léry : une relecture du chapitre « Des cannibales ». Étude d’extraits

Pour Montaigne, grand lecteur, la citation est le mode de confrontation de points de vue par excellence. Cependant, lorsque le texte de l’autre est réécrit, lorsque ce texte est l’équivalent d’une source pour l’écrivain, on entre dans l’intertextualité, dans des phénomènes de reprises, de reformulations, de réinterprétations, bref, dans ce que les programmes d’aujourd’hui nomment « réécriture ». L’étude des réécritures ne doit pas masquer un acte à l’évidence antérieur à celui d’écrire, acte constitué par la lecture elle-même. Les réécritures que Montaigne offre de certains auteurs peuvent apparaître d’abord comme des témoignages des lectures qu’il a faites de leurs textes. Ainsi, le chapitre 31, « Des cannibales », du livre I des « Essais » montre comment (bien qu’il ne l’avoue pas explicitement) il a lu l’« Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil », de Jean de Léry (1578), comment en tant que lecteur il a subi la construction de sens que lui imposait l’auteur, et comment il a dépassé ces mêmes intentions du texte en faisant sienne une partie de cette œuvre. La lecture se révèle alors processus de sélection (hiérarchisation, élimination, valorisation), de même que processus d’appropriation (reconnaissance, assimilation, personnalisation) des informations collectées. Montaigne, comme tout lecteur, oscille entre fidélité (restant soumis à la pression du texte) et infidélité (soumis à ses propres attentes).
Rubrique :
Siècle :
Niveau(x) d'études :
première
Programmes :
objet d’étude - réécritures
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