"En sortant de l’école : Guillaume Apollinaire"

En sortant de l'école. Saison 3 : Guillaume Apollinaire« On peut être poète dans tous les domaines :
Il suffit qu’on soit aventureux
Et qu’on aille à la découverte. »
Guillaume Apollinaire

En sortant de l’école est une série de films d’animation créée en 2013. Cette collection invite les enfants et les adultes à voyager en poésie et à redécouvrir de grands textes. Les deux premiers DVD ont rendu hommage à deux poètes surréalistes : Prévert et Desnos… L’opus 3 de cette collection est consacré à Guillaume Apollinaire.

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Treize court-métrages originaux pour découvrir Apollinaire

L’opus 3 est composé de treize courts métrages de trois minutes chacun, imaginés par de jeunes réalisateurs diplômés d’écoles prestigieuses (Les Gobelins, EMCA, ENSAD, La Poudrière) qui utilisent différents médiums pour servir les textes : photos réelles, objets, aquarelles, craies grasses, gouache, pliages, dessins au feutre, palette graphique… pour un résultat époustouflant.
Les techniques d’animation sont elles aussi très différentes avec des dessins traditionnels ou alors l’utilisation des dernières technologies avec la 2D et la 3D.

Hugo de Faucompret, "Automne" © Tant mieux productions, 2016
Hugo de Faucompret, “Automne” © Tant mieux productions, 2016

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Apollinaire et la guerre

Quatre films sont consacrés à Guillaume Apollinaire, soldat de la Grande Guerre. On sait qu’au début du conflit, le poète, qui n’était pas Français, s’était rapidement porté volontaire pour participer au conflit et qu’il a écrit sur le front quelques-uns de ses plus beaux poèmes.
La mise en image de Fusée signal est descriptive et illustre parfaitement ce texte : c’est le voyage en auto d’un soldat blessé qui observe les dégâts de la guerre et nous, spectateurs, faisons le parcours à travers son regard, au milieu des paysages dévastés… Une ellipse poétique sublime ce trajet par la pensée du blessé : « Ta langue le poisson rouge de ta voix dans le bocal »…
 

Fabienne Wagenaar, "Carte postale" © Tant mieux productions, 2016
Fabienne Wagenaar, “Carte postale” © Tant mieux productions, 2016

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La poésie amoureuse

Un oiseau chante rend hommage au poète-soldat amoureux. Une femme apparaît : il s’agit de Madeleine Pagès, rencontrée dans un train au début du conflit et quittant la France pour Oran. Le soldat qui est confronté à l’horreur survit en pensant à celle qu’il aime et qui est matérialisée par un immense oiseau bleu représentant son amour.
Madeleine Pagès encore… avec Carte postale. La réussite est totale. Fabienne Wagenaar, la jeune réalisatrice, a su utiliser différentes techniques pour une mise en abyme de ce court texte. La fiancée du poète reçoit une abondante correspondance sous forme de cartes postales d’où sortent des soldats en papier dans différentes situations de la vie au front. Les obus qui explosent sont une « floraison éblouissante dans un ciel à peine bleuté » sous forme de fleurs en papiers. Le travail à la craie grasse et les scènes animées grâce à de subtils pliages donnent un résultat saisissant et d’une intense poésie.
Mutation est un film narratif qui met en images les mots et les maux du poète exprimés avec une grande économie de moyens par trois interjections – « Eh, Oh, Ah » – déclinées sur plusieurs tons exprimant tout à la fois le spectacle de la guerre et de son absurdité, face à la permanence de l’amour.
 

    Marie de Lapparent, "Je me souviens de mon enfance" © Tant mieux productions, 2016.
Marie de Lapparent, “Je me souviens de mon enfance” © Tant mieux productions, 2016.

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Des réalisateurs aux sensibilités très diverses

Saluons à travers ce DVD la sensibilité et l’originalité de tous les réalisateurs qui sont eux aussi poètes. Marie de Lapparent invoque dans Je me souviens de mon enfance  tout un univers surréaliste à travers des photos qui s’animent grâce au procédé du Stop Motion (mouvement de l’image créé par 24 dessins par seconde).
À toutes les dingotes et à tous les dingos, poème méconnu celui-là, amusera comme Les Saltimbanques un plus jeune public, le premier pour ses allitérations et sa musique enlevée et le second pour son graphisme qu’aimeront particulièrement les enfants. Les poètes épicuriens s’ouvriront l’appétit avec Le Repas, un véritable hymne à la vie.
Automne et Le Bestiaire sont deux films plus allégoriques. Pour le célèbre Pont Mirabeau, la lecture des images qui paraît simplifiée est en réalité fort complexe, car le story board se démarque totalement de ce texte bien connu. La narration du réalisateur est une véritable recréation. Le défi de se détacher graphiquement du texte est si réussi que le texte en sort grandi.
Avec Le Coin, Sempé rougira de plaisir tant le graphisme rejoint son univers, tandis que Ville et cœur est un bel hommage à Tati tant le scénario fait penser à Trafic. Une image (l’entrelacement des périphériques) d’à peine une seconde signera ce court métrage du nom d’APO de façon subliminale.
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    Anne-Sophie Raimond, "Ville et cœur" © Tant mieux productions, 2016
Anne-Sophie Raimond, “Ville et cœur” © Tant mieux productions, 2016

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D’Apollinaire à Paul Eluard

Il est important de signaler que les textes sont tous énoncés de façon magistrale par Yolande Moreau, Pascal Greggory, Sylvain Despretz, Thibault Vinçon, et que les musiques d’accompagnement épousent parfaitement textes et images.
Au premier visionnage du DVD consacré à Guillaume Apollinaire, on peut penser que, contrairement à ceux dédiés à Prévert et Desnos, il s’adresse plus à un public d’adolescents voire d’adultes, mais il n’en est rien. À part quelques films où l’enfant pourra être accompagné pour une meilleure compréhension, si on le souhaite, la qualité exceptionnelle de cet ensemble satisfera les plus jeunes comme les adultes.
Actuellement, de nouveaux réalisateurs travaillent sur une quatrième série consacrée à Paul Eluard.
Avant la distribution de chaque DVD, les courts métrages sont à chaque fois diffusés sur France 3.
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Vidéo : voir des extraits de “En sortant de l’école : Guillaume Apollinaire”

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Une ressource pédagogique remarquable

Avec l’appui de ces films, les enseignants pourront organiser des séquences de poésies vivantes, en faisant étudier la relation image / texte et en montrant à leurs élèves les différentes techniques d’animation, aidés en cela par les précieux bonus offerts à la fin de chaque DVD et diffusés par France Télévision Éducation.
Les prolongements sur le travail de l’image sont immenses : interprétation graphique du texte, mise en mouvement de l’image, travail sur l’espace-temps, ellipses, flash-back, outils utilisés, mise en abyme…
Tristan, douze ans, a visionné le DVD et voici son impression :
« Les scénarios de ces films d’animation s’inspirent des poèmes de Guillaume Apollinaire. Ça apporte une richesse par rapport aux autres dessins animés qu’on peut voir à la télé et qui sont souvent les mêmes. Ici, les techniques et les dessins sont beaucoup plus riches. Ce DVD m’a fait aimer la poésie d’Apollinaire et m’a permis de mieux la comprendre avec l’aide des scénarios. Je connaissais le nom d’Apollinaire mais je n’avais pas lu ses poèmes et grâce aux réalisations qui ne sont jamais les mêmes, ça permet de donner un style à chaque texte et de les aimer.
J’ai adoré le making off qui est très complet. On y trouve toutes les techniques d’animation utilisées, ce qui m’intéresse car j’aimerais travailler dans l’animation plus tard. On explique aussi comment on fait des bruitages avec des objets complètement anodins (bijoux, boutons, chaussures, papiers…). On se rend compte du travail énorme qu’il faut fournir, c’est impressionnant ! »

Alexandra Ibanès

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En sortant de l'école : Guillaume Apollinaire“En sortant de l’école : Guillaume Apollinaire”, un DVD de 39 min. Studio Tant Mieux Prod. Éditeur et distributeur : France Télévision Distribution.
Réalisation : Wen Fan et Mengshi Fang, Augustin Guichot, Florent Grattery, Charlie Belin, Marjorie Caup, Caroline Cherrier, Matthieu Gouriou, Fabienne Wagenaar, Hugo de Faucompret, Émilie Phuong, Marie de Lapparent, Loïs Espuche, Anne-Sophie Raimond.
Histoire originale : Guillaume Apollinaire d’après ses poèmes. Musique : Joseph Kosma, Nathanël Bergese, Yan Volsy, Pablo Pico, Julien Divisia, Frédéric Marchand.

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« Guillaume Apollinaire », de Laurence Campa, par Yves Stalloni.
Apollinaire dans “l’École des lettres”.
 
 

Alexandra Ibanès
Alexandra Ibanès

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