Éducation et zones rurales : un engagement à prendre du primaire aux classes prépas

Départements ayant signé une convention ruralité
Départements ayant signé une convention ruralité

L’Éducation nationale s’est engagée dans une politique en faveur d’une école rurale de qualité et a annoncé des mesures fortes pour la rentrée 2018, comme la création de postes supplémentaires en territoires ruraux, avec comme conséquence des taux d’encadrement plus favorables en campagne qu’en zone urbaine, mais également une accélération des signature de « conventions ruralité » permettant le renforcement des collaborations pédagogiques entre écoles, une amélioration des services de transport, un meilleur accès aux ressources numériques, et surtout une meilleure liaison école-collège, afin de soutenir la continuité des enseignements.
Cet effort en moyens et objectifs est d’une certaine manière inédit,  il marque une conscience nouvelle des besoins éducatifs en provinces rurales et ne peut que satisfaire les équipes pédagogiques et les familles. Mais parce qu’il s’engage, il doit se poursuivre et concevoir son programme d’aide au développement éducatif des zones rurales jusqu’à l’autre extrémité du parcours scolaire, à savoir ce point ultime de l’’enseignement proposé par les lycées : les classes préparatoires.

Primaire, classes prépas, aux deux bouts de la chaine, la présence de l’État dans les  établissements scolaires doit être affirmée sans défaillance. Le soutien aux classes prépas dites de proximité, dans les petites et moyennes villes de province (moins de 50 000 habitants) est un défi aussi important à relever que le soutien au primaire, car l’enjeu est, là aussi, la possibilité donnée à des élèves de campagne d’étudier et réussir à égalité avec les capitales citadines. À ce titre, l’engagement à mieux remplir les internats en zone rurale doit trouver comme complément, au terme du parcours scolaire, la volonté de mieux remplir les prépas de proximité.
Pour ne prendre que le cas des classes préparatoires littéraires, celles qui fournissent ultérieurement la majorité des candidats aux Capes, et donc la majorité des futurs professeurs,  il est important de rappeler que leur existence partout sur le territoire, alors même que la concentration s’accélère dans les grands pôles universitaires, ouvre les portes des Écoles normales supérieures, de Lyon ou de la rue d’Ulm, à des jeunes issus de toutes les provinces, loin pour beaucoup d’avoir bénéficié des avantages culturels ou sociaux des préparationnaires parisiens.
Il est particulièrement intéressant et réconfortant de voir dans les admissibles au concours de l’ÉNS Lyon 2018 des prépas dites « petites », comme celle d’Angoulême en Charente et celle de Saint-Quentin dans l’Aisne, résultats remarquables récompensant  les efforts constants  et généreux de professeurs convaincus de leur mission, et convaincus des forces de leurs régions. En province, le temps donne raison aux équipes inscrites dans la durée, aux prépas en accord avec les besoins éducatifs locaux.
La nouvelle procédure  introduite par Parcours sup a comme caractéristique de supprimer le classement initial des vœux opérés par les lycéens : dans le cas des prépas, cela permet  d’avoir une meilleure vision  de l’offre proposée, et de ne pas craindre  d’élire un maximum d’établissements, avec comme conséquence pour ces établissements d’avoir un plus grand nombre de dossiers à examiner. Il faut espérer que ces changements bénéficient aux établissements de province, mieux identifiés, mieux reconnus et mieux soutenus, de manière à  parfaire la cohérence des objectifs ministériels : mieux gérer l’entrée des bacheliers dans le Supérieur.
Priorité aux zones rurales : cette juste  attente de la province est aujourd’hui en cours de reconnaissance dans le primaire. Se pourrait-il qu’elle se poursuive demain dans le postbac, et qu’un élève puisse naitre et étudier en Picardie jusqu’à son intégration à Normale sup ?

Pascal Caglar

 
• Consulter le Rapport sur la mise en œuvre des conventions ruralité (mai 2016).
L’Éducation nationale engagée en faveur d’une école rurale de qualité” (mars 2018).

Pascal Caglar
Pascal Caglar

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