Emily Brontë en France
Morte à trente ans, auteure d’un unique roman, Wuthering Heights (Les Hauts de Hurle-Vent en français) publié en 1847 et qui demeura longtemps dans l’ombre d’un autre chef d’œuvre, le Jane Eyre de sa sœur Charlotte, Emily Brontë est longtemps demeurée un mystère.
Aujourd’hui sa silhouette fantomatique errant à jamais dans l’immensité de l’âpre lande où elle a situé la sombre intrigue de son roman, fait partie du folklore que des milliers de touristes vont, chaque année, chercher à Haworth, le village où elle a passé la quasi-totalité de sa brève existence.
L’Emily des biographes et essayistes
Dans un pays qui s’est enthousiasmé pour le mythe du poète maudit soigneusement élaboré par Verlaine, son double féminin d’outre-Manche ne pouvait que rencontrer le succès.
La première traduction de Wuthering Heights, le roman d’Emily Brontë, est due à Téodor de Wyzewa (1) qui dans une longue préface cherche à percer les mystères de l’auteur de ce livre si étrange, qu’il a choisi d’intituler Un amant.
Son propos emprunte largement à la préface que Charlotte Brontë avait concoctée pour la réédition du livre de sa sœur.
Emily y apparaît comme cette jeune fille sauvage et mutique qui dépérit loin de sa terre natale et préfère la lande, les animaux et la nuit à la compagnie de ses semblables. Les clichés d’un père excentrique et égoïste, d’un frère débauché et d’une sœur aînée compassionnelle et oublieuse de soi font écho à la tradition biographique initiée par Anne Gaskell dans le livre (2) qu’elle devait consacrer à son amie Charlotte Brontë, publié en 1857.
Le mystère engendre le mythe
Cette biographie qui devait être l’un des plus gros succès d’édition du XIXe siècle, le plus gros succès, en tout cas, d’Elizabeth Gaskell fait d’Emily Brontë un mystère : « On en sait si peu sur Emily », se résigne-t-elle à constater. Or, le mystère engendre le mythe, ce dernier ayant pour fonction de combler le vide de notre ignorance.
Lucasta Miller qui a consacré un ouvrage au mythe Brontë (3), a montré comment l’énigmatique personnalité de la créatrice des Hauts de Hurle-Vent avait engendré une foule d’interprétations, de May Sinclair qui, la première, devait insister sur les aspirations mystiques de la jeune femme, l’érigeant au statut de grande prêtresse païenne, à Virginia Moore qui crut déceler en elle les traces d’une homosexualité prolixe, n’ayant de cesse de s’exprimer à travers son œuvre.
C’est curieusement cette biographie, truffée d’inexactitudes et d’hypothèses douteuses, que Gallimard devait choisir de faire paraître en France en 1939. Ce choix ne fut sans doute pas sans conséquence sur l’image que les intellectuels français allaient se faire d’Emily, beaucoup chercheront désormais dans l’esprit de l’auteur les raisons qui ont pu engendrer un récit aussi vénéneux que Wuthering Heights.
Lucasta Miller, quant à elle, demeure manifestement dubitative à l’égard de toute démarche biographique et en arrive à l’a conclusion que la personnalité d’Emily est définitivement insaisissable et qu’il vaut mieux pour le lecteur en revenir à son œuvre.
La mystique de Haworth
Dans les pays francophones, la traduction de Wyzewa suscite les premières interrogations. Le poète Maurice Maeterlinck (5) consacre, en 1898, à l auteur d’Un amant cinq chapitres dans son essai, La Sagesse et la destinée. Il voit en Emily une personnalité hantée par l’absolu, habitée par une forme de mysticisme sans dieu qui la conduit à se situer au-delà des contingences matérielles et morales.
Si l’essai de Maeterlinck n’était aussi truffé d’inexactitudes biographiques, d’erreurs d’appréciation et de préjugés personnels, il pourrait passer pour une référence. Le poète s’est reconnu dans l’âme exaltée de la jeune romancière qui poétise si magistralement les terres du nord de l’Angleterre :
« Ce n’est pas sa littérature, mais sa vie intérieure qui console Emily, car il y a souvent une littérature très éblouissante sans qu’on y trouve la moindre activité morale. Emily se fût tue, n’eût jamais tenu une plume, qu’il y eût eu en elle la même puissance, la même vitalité, la même abondance d’amour, le même sourire intérieur de l’être qui a l’air de savoir où il va, la même certitude élargie de l’âme qui a su faire sa paix sur les hauteurs avec les grandes incertitudes et les grandes misères de ce monde. »
L’image d’une Emily habitée par une spiritualité qui n’a rien à voir avec le protestantisme de ses proches est désormais établie.
Elle sera reprise et approfondie, quelques année plus tard par Jacques Debû-Bridel (écrivain, résistant, sénateur) qui désapprouvant la biographie de Virginia Moore montre dans Le Secret d’Emily Brontë (6) que la fille du pasteur de Haworth fut une authentique mystique dont l’expérience rappelle sans doute possible l’itinéraire spirituel de Sainte-Thérése d’Avila.
Plus modestement, Jacques Blondel publie sa thèse aux PUF, Emily Brontë, expérience spirituelle et création poétique (7), et rétablit un certain nombre de vérités sur le milieu dans lequel a évolué la petite Emily, la légende d’un Patrick Brontë, excentrique et instable commence à se fissurer. Si l’universitaire ne conteste pas la dimension mystique des œuvres d’Emily, il montre qu’elle est tempérée par la fréquentation des poètes romantiques et par son admiration pour Byron :
« Elle semble avoir été retenue, écrit-il, sur la voie d’une libération totale à travers l’expérience mystique, ou du moins plus satisfaisante, pour ses aspirations spirituelles, par la séduction que ne cessa d’opérer sur elle le romantisme byronien. La joie de la lutte la plus âpre a toujours secrètement dominé la félicité de sa victoire décisive sur ce qui gênait l’élan. »
Des perspectives renouvelées
Georges Bataille (8) contestera cette dimension mystique : faisant des Hauts de Hurle-Vent la première des œuvres destinées à illustrer sa conception des liens entre le mal et la littérature. « L’érotisme, affirme-t-il, est l’approbation de la vie jusque dans la mort. » Et nul roman mieux que Les Hauts de Hurle-Vent ne saurait illustrer la sentence. Personne n’a jamais su mieux exposer cette vérité qu’Emily Brontë. Non qu’elle l’ait pensé sous forme explicite […] mais elle l’exprima mortellement, en quelque sorte divinement. » Si le roman d’Emily Brontë est « le plus beau roman d’amour de tous les temps », c’est parce qu’il explore les confins de la passion jusque dans son acceptation du mal et de la mort.
Les biographies qui se succèdent jusqu’à nos jours n’ont guère apporté d’éclairage nouveau sur Emily Brontë, il faut dire qu’en dehors de ses œuvres nous n’avons ni journal, ni correspondances auxquels nous rattacher, les témoins de sa vie l’ont décrite comme secrète, renfermée et peu loquace mais capable d’emportements mémorables et d’une volonté de fer.
Denise Le Dantec, pour sa biographie (10) publiée aux éditions de L’Archipel en 1995, a cherché des éléments biographiques susceptibles d’éclairer l’intrigue des Hauts de Hurle-Vent. L’enquête qu’elle a menée à Haworth l’a conduite à produire des hypothèses qu’elle présente comme faits avérés. Elle suggère par exemple que le neveu de Robert Heaton, maître de Ponden Hall (grand domaine agricole à l’ouest de Haworth, qui devient Thruscross grange dans le roman) et ami du pasteur Brontë, a servi de modèle au personnage de Heathcliff, ce que rien ne permet d’étayer dans la réalité. Son livre, par ailleurs très documenté, est une biographie agréable qui restitue particulièrement bien le contexte historique des années 1820-1840 dans le Yorkshire.
Dans notre propre travail (11) nous avons insisté sur la place qu’a occupé Branwell Brontë, le frère, dans la vie des trois sœurs, non sur le plan imaginaire – nombre de biographe ont vu en lui le modèle des personnages d’alcooliques que le lecteur peut côtoyer dans Les Hauts de Hurle-Vent ou dans La Dame de Wildfell Hall d’Anne Brontë – mais au sein d’une économie familiale complexe. Si Branwell n’est jamais parvenu à produire l’œuvre qu’on attendait de lui – son père particulièrement voyait en lui un génie – , c’est précisément parce qu’il était au cœur de toutes les attentions, représentant pour toute la famille les espoirs de gloire dont chacun – Emily exceptée – rêvait en secret. Cette pression l’a plus entravé qu’aidé alors qu’elle autorisait les trois filles à réaliser leurs propres œuvres en toute liberté.
La très récente biographie de Laura El Makki (12) a le mérite de retoucher une perspective trop souvent admise au sujet des sœurs Brontë : elles auraient vécu, dans l’abnégation, une vie terne, vouée au devoir, dévolues qu’elles étaient par le destin à une forme de tristesse irrépressible.
« Dans les esprits crédules et les biographies affamées de vérités absolues, écrit-elle, la légende de leur austérité rayonne et s’érige depuis des années comme conséquence d’un malheur originel », le malheur originel évoqué étant la mort de leur mères puis celles de leurs deux aînées.
« Il est inutile de les imaginer heureuses, spécifiait-elle en introduction, mais il est fondamental de croire qu’elles ont pu connaître la joie, telle que Spinoza l’envisageait. Celle, sublime et rare, qui découle de la capacité de chacun à persévérer dans son être. »
La formule caractérise parfaitement bien l’existence des deux cadettes qui, chacune à leur manière, persistèrent dans leur élan créateur, et ce, jusqu’au au moment où la mort devait les emporter. La biographie de Laura El Makki a par ailleurs le mérite d’attirer l’attention sur la benjamine, Anne, personnalité complexe et talentueuse que les chercheurs ont tendance à négliger et dont l’œuvre présente un réel intérêt idéologique et littéraire.
L’Emily des créateurs.
Portraits d’aînés, de Branwell à Charlotte
Anne fut d’ailleurs la compagne d’enfance d’Emily, une quasi-jumelle, soulignent certains biographes, fascinés par l’évidente ressemblance que présente le Tableau à la colonne peint par leur frère en 1834. Ce tableau qui saisit Emily, la moue boudeuse, à l’âge de seize ans inaugure une autre tradition, celle des représentations car Emily Brontë non contente d’être les sujet d’un nombre respectable de biographies devait aussi devenir un personnage de fiction.
Elle le fut d’abord sous la plume de sa propre sœur. L’héroïne du roman Shirley (13) est une manifestation fantasmée de ce qu’eût été Emily, si libre et riche, elle avait pu vivre à sa guise. L’intrigue de Shirley n’a certes pas le rythme de celle de Jane Eyre. C’est un roman plus statique et méditatif : entrepris avant la mort des deux sœurs, il sera terminé après, habité par la sombre énergie du deuil. Charlotte a prêté à l’héroïne éponyme un certains nombre de traits psychologiques qui rappellent Emily : le goût de l’effort physique, une relation particulière aux animaux, une opiniâtreté remarquable. Mais le roman sombre dans les bons sentiments – les discussions théologico-satiriques s’éternisent et Shirley (Emily), se demandant que faire de son argent pour soulager la pauvreté autour d’elle, finit par s’éloigner de son modèle qui n’eût pas fait preuve d’une telle indétermination. Le roman ne nous apprenant finalement, au sujet de la cadette de Charlotte, que la distance qui séparait les deux sœurs.
Emily Brontë au théâtre
C’est dans les années trente que la fratrie Brontë va inspirer l’imaginaire des dramaturges et cinéaste, l’action de la Brontë society, fondée en 1893, les premiers films inspirés de l’œuvre des trois sœurs ont attiré l’attention du public sur cette famille singulière. Et des dramaturges comme Alfred Sangster (14), Clemence Dane (15) cherchent à percer les mystères de la création dans le huis clos du presbytère de Haworth.
Ces créations qui ont bénéficié d’un relatif succès n’ont jamais été traduites en français. Mais en 1944 Madame Simone (pseudonyme de Pauline Benda, cousine de Julien Benda et muse d’Alain-Fournier) rédige une pièce consacrée à Emily Brontë (16), le personnage d’Emily est interprété par Marguerite Jamois, alors actrice à succès, quant à Branwell, il prend les traits de Serge Reggiani. La pièce n’est pas mal écrite mais fondée sur un présupposé ridicule : Emily aurait été amoureuse de son frère. La dramaturge multiplie donc les énoncés à double sens destinés à faire comprendre au public les sentiments d’une Emily dévorée par une passion coupable et frise souvent le ridicule.
L’atmosphère vénéneuse de Wuthering Heights, on l’a vu, a souvent conduit biographes et théoriciens à chercher dans la vie d’Emily quelque dérèglement qui vienne expliquer la perversité d’un héros dont la démesure semblait si éloignée des expériences d’une jeune provinciale jugée ignorante par nature, la pièce de Pauline Benda, heureusement sans postérité, marque l’apogée de ces hypothèses farfelues.
Emily Brontë du cinéma au roman
Le film de Curtis Bernardt, Devotion (17), produit en France sous le titre La Vie passionnée des Brontë ne craint pas lui non plus le ridicule. Dans un village plus bavarois qu’anglais, les sœurs Brontë, Charlotte (Olivia de Haviland) et Emily (Ida Lupino), se disputent le cœur d’un révérend héroïque (le pasteur Bell Nichols). Comme dans tout bon film hollywoodien des années quarante, les trois sœurs assistent à un bal mondain et évoluent dans les rues de Haworth avec des toilettes dignes de princesses autrichiennes.
Le film, n’est toutefois pas dépourvu de mérite : Ida Lupino prête à Emily un tempérament exalté mais déterminé qui fait bien ressortir sa différence à l’égard des autres membres de la fratrie ; elle paraît toutefois un brin trop bavarde et sociable pour donner une image crédible. Par ailleurs le scénario ne craint pas de prendre des libertés avec la biographie puisque le révérend Bell Nichols qui finira par épouser Charlotte ne devait arriver à Haworth que bien des années après la mort d’Emily. Le film dut toutefois obtenir un certain succès puisqu’il fit l’objet d’un numéro de la populaire revue Mon film en décembre 1947.
Il faut attendre 1979 et le film d’André Téchiné (18) pour obtenir une vision vraisemblable des sœurs Brontë au cinéma. La presse anglaise lui a reproché à son anti-féminisme, sa distribution (les actrices étant jugées trop belles), une certaine pesanteur. Il n’empêche que jusqu’au récent To walk invisible (production de la BBC datant de 2016), Les Sœurs Brontë est resté le film le plus exact et le plus accompli sur la fratrie Brontë.
Isabelle Adjani, avec son hallucinante faculté d’incarnation, donne à Emily une aura particulière, elle est à la fois la nixe qui hante les landes mais aussi le succube qui semble puiser sa vitalité aux forces déclinantes d’un frère de plus en plus veule. Téchiné lui-même atteste cette interprétation dans les suppléments au DVD publié en 2012 (18). « C’est une histoire de vampire, de vierge vampire en quelque sorte, qui prennent la place du frère et qui accomplissent le destin d’artiste du frère. »
Parmi les curiosités du film, on retiendra la participation de Roland Barthes qui accepta d’interpréter le rôle de Thackeray – pour Mémoire, Thackeray, auteur de Barry Lyndon et de La Foire aux vanités est la première célébrité que Charlotte fut, suite au succès de Jane Eyre, amenée à fréquenter. S’il n’a ni la prescience de celui de Curtis Bernardt qui voyait en Emily le génie de la famille, ni son dandysme assumé, il a du moins sa légitimité littéraire pour livrer l’une des clés du film : « La vie est trop courte pour l’art. »
C’est précisément l’un des aspects les plus intéressants du film que d’interroger le statut de l’artiste, et spécifiquement celui de la femme artiste dans la société victorienne du XIXe siècle. Téchiné a su mettre en avant tous les doutes, les précautions dont s’entourèrent les trois sœurs dans leur entreprise éditoriales. Il a aussi distingué quatre types d’artistes, ainsi que le faisait remarquer Marc Esposito (19) dans les colonnes de Première : « Il y a l’artiste maudit, le frère donc, joué par Pascal Greggory. II y a l’artiste arrivé, reconnu socialement, dans la figure de Charlotte, interprétée par Marie-France Pisier. Il y a l’artiste de génie, inaccessible, mythique, dans le personnage d’Emily, joué par Isabelle Adjani. Et il y a l’artisan modeste, Anne, qu’interprète Isabelle Huppert. »
Ce film décrié à sa sortie mérite aujourd’hui d’être vu ou revu, tant pour la qualité du jeu des actrices que pour la mise en scène méditative et pour l’admirable photographie de Benoit Nuytten qui rend de façon particulièrement juste la sombre luminosité des Moors.
C’est aussi cette atmosphère romantique d’obscurité que Jeanne Champion (20) mettra en avant dans sa Hurlevent, un roman qui retrace la biographie des Brontë, privilégiant le point de vue d’Emily, les dialogues imaginaires entre l’auteur et son sujet ont toutefois une dimension factice d’autant plus gênante qu’elle conduit la romancière à emprunter la voix d’Emily Brontë, un risque évident. La passion due voue Jeanne Champion à Emily Brontë pallie néanmoins l’écueil technique et le roman reste une lecture pertinente pour introduire à l’univers des Brontë.
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Si Emily Brontë a curieusement moins inspiré les romanciers que son aînée Charlotte, héroïne de deux œuvres récentes (Quand j’étais Jane Eyre, de Sheila Kohler, L’Amour caché de Charlotte Brontë, de Jolien Janzing) ainsi que d’une série policière imaginée par Laura Joh Rowland, elle apparaît néanmoins comme le cœur des interrogations suscités par le mythe Brontë : comment des jeunes femmes en apparence aussi inexpérimentées, aussi éloignées des réalités du monde, ont-elles pu écrire des chefs d’œuvre aussi intemporels que Jane Eyre ou Les Hauts de Hurle-Vent.
Toutes les œuvres qui mettent en scène Emily Brontë abordent la question d’une façon ou d’une autre avec plus ou moins de bonheur. Sans doute la réponse réside-t-elle dans les réflexions de Gaston Bachelard qui a su montrer combien le pouvoir de l’imagination créatrice située aux confins du subconscient peut s’avérer fructueuse et une œuvre comme Les Hauts de Hurle-vent, traversée par – sans jeu de mots – le souffle des hauteurs, qui est aussi celui de l’esprit, le manifeste avec évidence. Ou dans celles de Carl Gustav Jung (21) qui montre que si l’œuvre d’Emily Brontë a autant fasciné c’est parce qu’elle met en scène de puissants archétypes, dont celui de l’animus (l’idéal masculin pour faire bref) incarné par Heathcliff.
La légende d’Emily, archétype du poète maudit et de l’artiste inspirée, hante l’imaginaire français ; son œuvre reste néanmoins à découvrir, les multiples traductions de son unique roman l’ont popularisée en tant que romancière, mais son œuvre poétique n’a bénéficié que de traductions partielles et souvent inexactes, ce versant de son œuvre, comme l’avait compris Charlotte est pourtant essentiel. Un éditeur avisé saura peut-être reprendre la magnifique édition de Janet Gezari (22) qui est parvenue à recenser, pour les éditions Penguin, l’intégralité du travail poétique d’Emily.
Stéphane Labbe
• Voir sur ce site “Un texte inédit de Virginia Woolf au pays des sœurs Brontë”.
• Les « Cahiers de poèmes » d’Emily Brontë, par Stéphane Labbe.
- Emily Brontë, Un amant (1892), trad. T. de Wyzewa, Wikisource,
- Elisabeth Gaskell, Charlotte Brontë (1857), Ed. du Rocher, 2004.
- Lucasta Miller, The Brontë myth, Vintage, 2002.
- Virginia Moore, Emily Brontë, Gallimard, 1939.
- Maeterlinck, La Sagesse et la destinée (1898), Arthème Fayard, 1930.
- Jacques Debû-Bridel, Le Secret d’Emily Brontë, Ferenczi, 1950;
- Antoine Blondel, Emily Brontë, expérience spirituelle et création poétique, PUF, 1955.
- Georges Bataille, La Littérature et le mal (1957), Folio, 1990.
- Denise Le Dantec, Emily Brontë, L’Archipel, 1985 (rééd. : 2018).
- Stéphane Labbe, Les Sœurs Brontë à 20 ans, Le Diable Vauvert, 2016.
- Laura El Makki, Les Sœurs Brontë, Tallandier, 2018.
- Charlotte Brontë, Shirley (1850), Archipoche, 2014.
- Clemence Dane, Wild December (1932), in The collected pieces, Heinemann, 1961.
- Alfred Sangster, The Brontës (1933), Folcroft Press, 1971.
- Madame Simone, Emily Brontë (1944), in Pièces rêvées, La Table ronde, 1982.
- Curtis Bernardt, Devotion, Warner archives, 2011
- André Téchiné, Les sœurs Brontë, Gaumont, 2012.
- Marc Esposito, « Les sœurs Brontë d’André Téchiné », Première, Mai 1979.
- Jeanne Champion, La Hurlevent, Presses de la Renaissance, 1987.
- C.-G. Jung, L’Homme et ses symboles, Robert Laffont, 2002.
- Emily Brontë, The complete poems, Penguin, 1992.
Oui, un très beau film, même si la reconstitution historique est un peu fantaisiste. Il semble que le tournage ait été mouvementé, et je sais que l’oeuvre de Téchiné est peu appréciée des Anglais. Mais les performances des actrices – celle d’Adjani en particulier – sont remarquables. Si vous aimez les Brontë, je vous recommande l’adaptation de “Jane Eyre” par Stevenson, Orson Welles est un Rochester remarquable et la jeune Peggy A. Garner qui interprète Jane est saisissante.
Ayant vu un film BBC sur les sœurs Brontoë hier a-m, j’étais intriguée autant que soucieuse de trouver compléments d’infos. Merci de les fournir sur ce site, Steph Labbe. Vous donnez envie de visionner film Téchiné pour revoir toutes ces actrices-phares du ciné français, particulièrement M-F Pisier, étrangement décédée. La mort reste souvent énigmatique : pourquoi ? comment ? Quant aux carrières exceptionnelles depuis 1979, de ces deux grandes dames de même génération, chacune avec un style différent, dues à des personnalités si opposées, la parfaitement équilibrée I. Huppert, face à la passionnelle I. Adjani, débutantes à l’époque, quel étourdissement d’observer et de comparer leurs destinées contrastées autant que l’évolution de leur physique et de leur jeu respectifs, sans oublier le choix de leurs rôles !!