« Le Complot contre l’Amérique », de Philip Roth

Programme de français et de philosophie des classes préparatoires scientifiques : La démocratie

La démocratie a partie liée avec la guerre, comme l’indiquent les considérations de Tocqueville au chapitre iv de la dernière partie de De la démocratie en Amérique. Si la pente naturelle de la démocratie conduit à la centralisation du pouvoir, la guerre non seulement n’est pas exclue, mais elle avère la toute-puissance que les citoyens admettent de voir exercée par l’État fort : « C’est donc principalement dans la guerre que les peuples sentent le désir et souvent le besoin d’augmenter les prérogatives du pouvoir central. »
Le paragraphe entier du discours de Tocqueville est exemplifié par l’uchronie qu’imagine Philip Roth : le basculement de la démocratie américaine vers le côté obscur, dans le reniement des idéaux qui la fondent. Aussi, au lieu des sentiments qui s’attachent au rêve de paix perpétuelle1, « c’est la peur qui préside à ces Mémoires, une peur perpétuelle », après qu’a été annoncé l’argument du roman : l’élection de Charles Lindbergh à la présidence des États-Unis et les répercussions de l’événement sur la vie d’une famille juive exemplaire.
Un passage du chapitre iii révélera au lecteur le genre de prise de conscience attendue de la manipulation fictionnelle au plus près de l’histoire, à savoir la « révélation de l’imprévu » : « Retourné comme un gant, l’imprévu était ce que nous, les écoliers, étudiions sous le nom d’“histoire”, cette histoire bénigne, où tout ce qui était inattendu en son temps devenait inévitable dans la chronologie de la page. La terreur de l’imprévu, voilà ce qu’occulte la science de l’histoire, qui fait d’un désastre une épopée. » […]
1 Vers la paix perpétuelle est un opuscule d’Emmanuel Kant (1795).

François-Marie Mourad

L’intégralité de cette étude, plus particulièrement destinée aux CPGE scientifiques, est téléchargeable, sur le site de l’École des lettres des lycées.
 

Plan du dossier

I. Juin-octobre 1940. Lindbergh ou la guerre

II. Novembre 1940- juin 1941. Une grande gueule de Juif

III. Juin-décembre 1941. Dans les pas des chrétiens

IV. Janvier-février 1942. Le moignon

V. Mars-juin 1942. Jamais encore

VI. Mai-juin 1942. Chez eux

VII. Juin-octobre 1942. Les émeutes Winchell

VIII. Octobre 1942. Mauvais jours

IX. Octobre 1942. La peur perpétuelle

 
Voir également sur ce site :
« Pourquoi écrire ? » de Philip Roth. L’art singulier du roman, par Norbert Czarny.
Le hasard ou Dieu : « Némésis », de Philip Roth, par Norbert Czarny.
 
 
 

François-Marie Mourad
François-Marie Mourad

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *