l'École des lettresL’École des lettres, la revue papier et web la plus fiable pour vous accompagner dans la préparation de vos cours et tirer parti de l’actualité culturelle, met à votre disposition des ressources expérimentées en classe sans équivalent – près de 40 000 pages de documents pédagogiques soigneusement mis en forme et validés sont instantanément téléchargeables.
Découvrez, avec ce premier numéro de l’année 2015-2016, de nouvelles pistes de réflexion pour mobiliser vos élèves dès la rentrée.

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Le cinquantenaire de
l’école des loisirs

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l'école des loisirs
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« l’école des loisirs » 1965-2015.
Les grandes étapes d’une histoire éditoriale hors du commun.
 
 
 
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On ne s'en fait pas à Paris
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« On ne s’en fait pas à Paris », de Boris Moissard & Philippe Dumas. Un éditeur à livre ouvert, par Antony Soron.
Les plus belles idées ont-elles toujours un crépuscule, les plus belles histoires une fin de carrière ? Quand on sent que ça se crispe à Charlie Hebdo, on est, en tout état de cause, enclin à s’inquiéter… Fatalité des idées trop belles, des démarches trop singulières, des amitiés trop fécondes ? Heureusement, toutefois, qu’il est des exceptions qui confirment la règle.
L’aventure de l’école des loisirs en est sans doute une qui méritait d’être contée, tout en évitant l’académisme de l’éloge car, après tout, le credo des fondateurs, Jean Fabre, Jean Delas et Arthur Hubschmid, était du côté de l’enfance et de son insouciance créatrice.
Voilà qui est rassurant : une maison d’édition indépendante, ne renonçant jamais à être un label de qualité en défendant les bons livres et les bons auteurs. Une maison d’édition, chose rare, toujours debout et fidèle à ses idéaux originels. Oui, ceux auxquels pas grand monde ne croyait au début, quand tout a commencé, à l’époque où l’Hexagone se clivait dans une géométrie réactionnaire.
Ces idéaux ? Parler à l’enfance intelligente, l’enfance qui rêve, l’enfance qui aime qu’on s’adresse à elle sans mièvrerie, l’enfance de Prévert, en somme. Mais ça fait tout de même un demi-siècle qu’elle dure, cette plaisanterie militante ! Il était donc justifié de raconter cette aventure à la manière d’un conte dédié aux livres en liant, comme il se devait, texte et images. Une entreprise à laquelle se sont attachés avec bonheur Boris Moissard et Philippe Dumas dans On ne s’en fait pas à Paris.
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l'école des loisirs a 50 ans © Grégoire Solotareff
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L’art et la manière… Christian Poslaniec : un long compagnonnage à « l’école des loisirs »
L’histoire commence quelque part en Normandie, sous la pluie. À l’entrée du village, une banderole annonce une «Journée du livre jeunesse ». Je me gare, cours vers le chapiteau où se déroule la manifestation : il y a là quelques pékins et un inconnu, sur scène, qui pérore et prétend qu’aucun manuscrit de qualité ne saurait échapper à la sagacité des éditeurs jeunesse.
Alors j’explose ! Dans cette période post-soixantehuitarde, avec la complicité de quelques peintres des Beaux-Arts, j’avais écrit un chef-d’œuvre édifiant, pour les jeunes, La fée qui ne croyait pas aux fées, un album bavard. Je l’avais proposé à plusieurs éditeurs, qui l’avaient refusé sèchement ou m’avaient éconduit. Or, prof d’école normale, je ne connaissais alors que les éditeurs scolaires.
Après ma diatribe féroce, je quitte le chapiteau la tête haute, les dents serrées, et retourne à ma voiture. Quelqu’un, sorti derrière moi, me rattrape et me demande : – Vous êtes venu nous voir ? – Nous qui ? – l’école des loisirs. – Connais pas ! C’était Jean Delas. Quelques jours plus tard, j’étais reçu par Jean Fabre, et nous avons parlé plusieurs heures d’affilée. J’en suis ressorti convaincu que mon premier livre pour enfants était nul. Et avec une commande !
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Lire sur la vague à Hossegor
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50 ans que les enfants nous prennent par les sentiments. Jeanne Ashbé, Susie Morgenstern & Grégoire Solotareff se confient à Xavier-Laurent Petit
À l’occasion d’un long week-end festif baptisé « Lire sur la vague à Hossegor » – imaginé pour le cinquantenaire de l’école des loisirs par Jean Delas, l’un de ses fondateurs – s’est tenue une table ronde intitulée « 50 ans que les enfants nous prennent par les sentiments ».
Elle réunissait Susie Morgenstern, figure quasi mythique – et si drôle – de l’édition jeunesse, Jeanne Ashbé, la créatrice des « Lou et Mouf » et de dizaines de titres que les bébés s’arrachent, et Grégoire Solotareff, père de la collection « Loulou & Cie » et auteur de best-sellers pour les petits, mais aussi cinéaste, sculpteur, designer, etc. Xavier-Laurent Petit avait provisoirement délaissé sa casquette d’écrivain pour les soumettre à une interview-vérité…
Xavier-Laurent Petit. – L’intitulé de cette rencontre, « 50 ans que les enfants nous prennent par les sentiments », évoque l’idée d’une corde sensible : quelle est celle qui vibre en vous lorsque vous écrivez ou illustrez pour les enfants ?
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Les auteurs à l’école :
des rencontres inspirées

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Fatma Abouli et Marie-Aude Murail © D.R., 2015
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La petite Fatma a grandi. Retour vers le futur avec Marie-Aude Murail.
Au mois de mars 1993, L’École des lettres publiait un long et bel article de Marie-Aude Murail dans lequel elle relatait un atelier d’écriture mené avec une classe de sixième réputée « difficile » et que nous reproduisons ici. Pour elle, l’expérience fut marquante… et unique.
Il y a six mois, le hasard a mis sur sa route Fatma, une élève de cette classe, devenue grande. Ce sont ces retrouvailles qu’elle nous livre ici. Nous les faisons suivre de larges extraits de son article de 1993: vingt-deux ans plus tard, il n’a perdu ni en émotion, ni en actualité…
” En ce mois de janvier 2015, ma petite-fille Thaïs a dû changer d’établissement scolaire. Elle est arrivée à l’école Saint-Victor en même temps que la remplaçante de la maîtresse, partie en congé maternité. Face aux CM1 et Thaïs à ses côtés, la remplaçante a dit : – Nous sommes deux nouvelles. Soyez gentils avec nous, accueillez-nous! Le mois suivant, Thaïs a eu l’idée un peu curieuse d’apporter en classe le livret « Mon écrivain préféré » de l’école des loisirs qui m’est consacré.
La maîtresse a changé de visage : – Tu es de la famille de Marie- Aude ? Eh oui, pour elle, et depuis qu’elle a douze ans, je suis Marie-Aude. Elle a le livret « Mon écrivain préféré », que sa marraine lui a offert le mois passé, mais surtout elle possède un exemplaire du Trésor de mon père que j’ai dédicacé autrefois à « Fatma, l’enthousiaste. Qu’elle sache tout au long de sa vie partager ce qu’elle aime. On s’enrichit en donnant. Bien tendrement. » – Ta grand-mère est venue plusieurs fois dans ma classe au collège Paul-Verlaine, dit Fatma à sa petite élève. Je n’ai jamais oublié.”
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Alan Mets au lycée français de Bucarest
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« Le sentiment de construire quelque chose ». Entretien avec Alan Mets.
Alan Mets est un taiseux, un grand timide et, surtout, tout le contraire d’un esbrouffeur. S’il a accepté de répondre aux questions de L’École des lettres, c’est (aussi) parce que cet entretien lui permettait – momentanément – d’échapper à la corvée d’aspirateur dans sa voiture…
Après trente-cinq albums et à peu près autant de romans jeunesse illustrés, cet hypersensible garde la modestie et la fraîcheur d’un débutant.
L’École des lettres. – À votre avis, quel est votre apport lors de vos interventions dans les classes ?
Alan Mets. – Le fait de voir quelqu’un dessiner est très important dans la motivation. Je suis d’une famille où on dessinait : j’ai donc regardé mes grands-parents dessiner, mes parents dessiner, et cela me fascinait. Je me souviens que passait à la télé quand j’étais enfant, dans les années 1970, une émission intitulée Tac au Tac, dans laquelle des dessinateurs comme Franquin venaient dessiner en direct. Il y avait un plaisir magique à les regarder faire.
Autre élément essentiel dans une rencontre : montrer que celui qui fait un livre est quelqu’un de totalement normal. La télévision donne aujourd’hui une image un peu artificielle, déshumanisée, de l’auteur. Le faire venir dans une classe, c’est montrer un humain installé sur un bout de table avec un crayon et du papier, et qui cherche des idées plus ou moins intelligentes.
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"Les Esclaves de Cumana", d'Olivier Melano, collection "Archimède"
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« Une impression de grande liberté ». Entretien avec Olivier Melano.
Il est, depuis vingt ans, l’un des piliers de la collection « Archimède », qu’il enrichit avec une régularité de métronome de titres évoquant aussi bien le mime Debureau que l’astronome Tycho Brahé, la grotte de Tautavel ou Gutenberg. L’École des lettres a rencontré ce passionné d’Histoire, de voyages, de vélo, et de mille autres choses, un grand curieux animé d’un désir authentique de transmettre aux jeunes lecteurs chacune de ses découvertes.
L’École des lettres. – Les plantes carnivores, les pompiers, Pompéi, la préhistoire, Gutenberg… : vous abordez dans vos albums des sujets extrêmement variés. Comment les choisissez-vous ?
Olivier Melano. – En fonction de mes passions, c’est le cas pour la préhistoire, qui m’a toujours intéressé. C’est pourquoi j’ai travaillé sur le magdalénien (La Grotte sacrée, 1999), sur l’âge du cuivre (La Vallée des merveilles, 2006), sur l’homme de Tautavel (Le Clan de la grotte, 2014). Pour le reste, ce sont des coups de cœur. Par exemple, Escapade à la cour des miracles (2004), un album sur le Moyen Âge à Paris, a des origines biographiques : il se trouve que je suis né à Paris, dans une petite cour qui s’appelait la « cour des miracles » – j’ai recherché d’où venaient ce nom et ce lieu, et cela m’a donné l’envie de faire un livre sur ces « cours des miracles » qui n’ont pas complètement disparu.
Mes premiers albums – Attention… plantes carnivores (1996), Seuls en avion (1998), Pin-Pon… Alerte chez les pompiers (2000), etc. – étaient plus proches de mon quotidien. J’y mettais souvent en scène mes enfants. Ensuite, j’ai aussi puisé dans mes carnets de voyage, notamment pour La Vallée des merveilles (2006) et pour Pompéi a disparu (2007). Mais c’est dans la grande Histoire que se trouve une matière inépuisable pour essayer de faire de bonnes histoires.
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Dessin de Thomas Lavachery
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Un morphir face à ses lecteur. Entretien avec Thomas Lavachery.
À la fois romancier, scénariste de BD mais aussi dessinateur, Thomas Lavachery est un touche-à-tout de talent. L’École des lettres a eu avec lui une « conversation écrite », un échange de mails rapide et spontané dans lequel il dévoile avec générosité les ressorts de son travail avec les écoliers, collégiens et étudiants qu’il rencontre ainsi que certaines de ses passions littéraires.
L’École des lettres. – Quel a été votre parcours ?
Thomas Lavachery. – J’ai commencé par la bande dessinée. Je n’ai pas fait d’école ; j’allais montrer mes planches à des dessinateurs qui habitaient près de chez moi et qui me prodiguaient gracieusement conseils et critiques. Après quelques histoires courtes publiées dans le journal Tintin, j’ai adapté la série d’animation Téléchat, de Roland Topor, en BD (je me chargeais uniquement des dessins). J’ai aussi un peu travaillé dans le cinéma d’animation, avant de laisser mes crayons pour entamer des études d’histoire de l’art à l’université libre de Bruxelles, section « Civilisations non européennes ». Je suivais en cela les traces de mon grand-père, Henri Thomas Lavachery, conservateur de musée, spécialiste – amoureux fou – des arts qu’on appelait alors « primitifs ».
Mon travail de fin d’études a porté sur une expédition qu’il a faite en 1934 à l’île de Pâques. Après cela, je suis entré dans une maison de production de films où j’avais le beau titre de conseiller littéraire : je lisais des scénarios et jouais le rôle de script doctor sur certains projets. J’ai réalisé ou coréalisé deux films documentaires. Mon préféré, L’Homme de Pâques, relate l’aventure de mon aïeul sur l’île aux statues géantes.
Pendant toutes ces années, à partir de dix-huit ou dix-neuf ans, je rêvais d’écrire des romans ; je m’y suis mis en 2002, à trente-six ans, avec la rédaction du premier tome des aventures de Bjorn le Morphir, mon héros viking. Six volumes ont suivi, et je travaille en ce moment au huitième et dernier. J’ai par ailleurs repris les crayons depuis quelque temps pour créer des albums pour enfants, domaine qui m’enchante aujourd’hui.
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Xavier-Laurent Petit © CR, l'École des lettres
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« M’sieur, votre livre, je l’ai lu en entier ! » Xavier-Laurent Petit, raconteur d’histoires.
8 h 30. Brouhaha de cour de récréation. Crépitements de la sonnerie, piétinements dans les couloirs… Quelques têtes se glissent par la porte entrebâillée du CDI. – C’est lui ? C’est lui ?… Mais qui donc ? L’auteur, bien sûr. Celui ou celle dont – avec plus ou moins de bonheur et de bonne volonté – on a lu le(s) livre(s) ces dernières semaines.
Trente paires d’yeux fixés sur moi. Un regard qu’on capte, un autre qui échappe, un sourire… Celui-ci, encagoulé, réfugié au fond de la salle, les yeux rivés au sol. Le professeur lui demande d’ôter sa capuche. Celle-là, studieuse, une feuille sur les genoux, le stylo à la main. Quelques livres sortent des sacs…
J’ai appris l’importance et la fragilité de cet instant, le premier contact entre l’« auteur », celui qui écrit, et les collégiens, ceux qui ont lu. Attitudes, attente, attention, curiosité, regards… Une impalpable alchimie se joue au cours de ces quelques secondes. Une bonne part de ce qui va suivre en dépend. Nous avons, ces collégiens et moi, une heure ou plus devant nous pour « causer bouquins ».
Je suis en terre de mission. À moi de trouver les mots pour faire germer cette idée saugrenue qu’un livre, cet « assemblage de feuillets portant des signes destinés à être lus », peut emmener ses lecteurs dans un monde aussi foisonnant, captivant et excitant qu’un jeu vidéo, alors même que – on l’aura sans doute remarqué – ce tas de papier n’est connecté à rien du tout. Erreur ! Il est connecté à l’imaginaire de ses lecteurs.
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La collection "Théâtre" de l'école des loisirs
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La collection « Théâtre » a vingt ans. « Un outil d’éveil à une conscience poétique et politique », par Brigitte Smadja.
« La différence entre un auteur de romans et un auteur de théâtre, c’est que l’auteur de romans, il écrit tout seul, en silence et dans son coin des histoires qui sont faites pour être lues tout seul, en silence et dans son coin. Alors qu’un auteur de théâtre, il écrit tout seul, en silence et dans son coin des histoires qui sont faites pour être lues tout fort, avec d’autres et devant tout le monde. » Philippe Dorin, Dans la vie aussi, il y a des longueurs.
Il y a vingt ans, au printemps 1995, l’école des loisirs a eu l’audace, mot qui caractérise si bien cette maison, de souscrire à un projet fou, perdu d’avance: créer une collection «Théâtre » à destination du jeune public. Une aberration dans le paysage éditorial de l’époque. Aucun enfant, m’a-t-on expliqué (à l’exception de ceux qui seraient concernés par la pratique théâtrale), n’entre spontanément dans une librairie pour demander une pièce de théâtre et, soyons sérieux, aucun adulte, ou presque. C’est comme la poésie, le théâtre, un domaine éditorial sinistré. Il ne s’achète pas, ne se lit pas, ne se vend pas.
Et vous croyez à une collection de théâtre contemporain pour la jeunesse ? Pas juste pour des metteurs en scène, des acteurs, mais pour des enfants lecteurs ? Vous croyez que ces pièces pourraient être lues par des enfants, chez eux, à l’école, et dès le primaire? Donner ces livres à lire aux enfants et aux adolescents comme on leur donne des albums et/ou des romans ?
Oui, j’y croyais et je n’étais pas la seule. Beaucoup d’autres que moi étaient convaincus. Sur la seule foi de mon enthousiasme, l’école des loisirs a accepté de relever le défi. J’ai eu beaucoup de chance. Celle de pouvoir compter sur une grande maison, celle d’avoir publié, dès la première saison, la pièce d’Olivier Py, La Jeune Fille, le Diable et le Moulin, devenue un best-seller, celle d’avoir rencontré tant d’autres passionnés, écrivains, professeurs, bibliothécaires, directeurs de théâtre, directeurs d’IUFM, metteurs en scène, médiateurs… tous militants d’une même cause: faire accéder le plus d’enfants possible au théâtre, pas seulement au spectacle vivant, mais à l’expérience de l’écriture et de la lecture théâtrales.
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Actualités

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"Mais qu'est-ce qui lers fait lire comme ça", de Geneviève patte
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« Mais qu’est-ce qui les fait lire comme ça ? », de Geneviève Patte. Autobiographie d’une désobéissante joyeuse, par Norbert Czarny
En 2006, la petite bibliothèque ronde de Clamart a failli disparaître. Depuis très longtemps, elle appartenait au patrimoine de la ville et, surtout, à ses habitants. Elle a survécu, de peu. Dans Mais qu’est-ce qui les fait lire comme ça ? (Les Arènes / l’école des loisirs, 2015), sa fondatrice, Geneviève Patte, revient sur cet épisode comme sur l’ensemble de sa vie, consacrée aux livres et aux enfants. Mais aussi à plus que cela : une certaine idée de la culture.
Revenons rapidement sur le parcours personnel de Geneviève Patte. Il commence à Poitiers, dans une famille de résistants. Des gens ordinaires qui n’acceptent pas la défaite, le pouvoir du maréchal et l’occupation nazie. Des gens simples qui lisent des histoires à leurs neuf enfants. Geneviève est élève dans une école qui met en oeuvre le programme, encore révolutionnaire aujourd’hui, de Langevin-Wallon. On passe par le concret, par les apprentissages que réalise l’enfant, et on lui donne la liberté de penser par lui-même. L’autodiscipline est une valeur.
De nombreuses années plus tard, au Brésil, au sein d’un quartier pauvre de Belém, elle retrouvera dans une école les préceptes qui lui tiennent à cœur : « Pédagogie de la responsabilité, pédagogie du projet ; équilibre entre l’enseignement du matin et les travaux manuels de l’après-midi ; cogestion : dans cette école de mille huit cents enfants, trois surveillants seulement. » Quand elle intègre l’enseignement traditionnel, la jeune fille connaît quelques difficultés d’adaptation ; elle n’est pas très bien reçue. Mais elle reste elle-même, indépendante d’esprit, rebelle au meilleur sens du terme.
Elle « monte » à Paris et découvre la bibliothèque de « L’Heure joyeuse », rue Boutebrie, près de la Sorbonne. Elle retrouve la liberté connue enfant dans son école. Les bibliothécaires comme les enfants vont et viennent, garçons et filles mêlés, de toutes classes sociales, ce qui est une petite révolution. Geneviève Patte, partie pour être institutrice, décide de devenir bibliothécaire.
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"Colette", de Gérard Bonal
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« Colette », de Gérard Bonal. « Je veux faire ce que je veux », par Yves Stalloni.
« Son travers? L’impatience. L’impatience que connaissent les esprits et les sensibilités déliés devant ce qui est épais, lent, maladroit. »
C’est en ces termes que Colette de Jouvenel parle, dans ses écrits intimes, de sa mère, l’écrivain Colette. Le mot « impatience » convient bien à la fille de Sido, toujours en quête de nouvelles expériences qui devraient lui permettre de mieux jouir de l’existence. Mais d’autres termes pourraient aider à la définir, à commencer par le mot « liberté » qui s’accorde au sous-titre proposé par Gérard Bonal (Perrin, 2014) pour sa biographie, ” Je veux faire ce que je veux », une phrase de son modèle.
Ajoutons encore, pour faire bonne mesure : l’indépendance, le nonconformisme, le refus des préjugés et, dans un autre registre, la sensualité, la passion, la solidarité, la générosité, la polyvalence et, par-dessus tout, le talent… Avec Colette nous sommes pris du vertige de l’excès, du toujours plus, du mouvement perpétuel, aussi bien dans sa vie que dans son œuvre.
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"Au revoir là-haut", de Pierre lemaitre et Christian De Metter
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« Au revoir là-haut », de Pierre Lemaitre et Christian De Metter.
Le roman de Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013, vient d’être adapté en bande dessinée par Christian De Metter pour les éditions Rue de Sèvres. Pierre Lemaitre précise ici leur commune démarche :
« Je suis venu à la bande dessinée en scénariste. Dans mon parcours d’auteur, il m’est arrivé d’écrire pour la télévision, pour le cinéma. Et lorsque la bande dessinée s’est présentée à moi à travers ce projet, j’ai eu l’intuition qu’il serait intéressant de se colleter à cet univers.
Le fait que Christian De Metter ait adapté Shutter Island de Dennis Lehane, dont je suis un grand lecteur, a certainement joué un rôle. Christian De Metter est un très grand portraitiste, toujours homogène et cohérent. Il possède un sens très aigu du regard des personnages, qui leur donne une expressivité exceptionnelle.
Je partage exactement son point de vue sur la question de l’adaptation. Il ne sert à rien de s’inspirer d’un auteur qu’on adapte s’il n’y a pas une plus-value. Et la plus-value, c’est toujours la question du point de vue. Christian m’a apporté le sien, qui n’était pas un simple prolongement du mien. Il y a des aménagements et des contraintes qui tiennent au médium. Le fait de travailler en doubles pages, par exemple. Ou de s’en tenir à notre option de départ, un découpage en trois strips.
Faire ce genre de choix techniques – ce qui a été une découverte, et qui m’a passionné – influe sur la manière de raconter l’histoire. À l’arrivée, je trouve l’album plus tendu et moins “bavard” que le roman. Les atmosphères des années 1920 me semblent également très efficacement restituées. Pour moi, c’est une vraie récompense. »
• Le roman et son adaptation feront l’objet d’un dossier de l’École des lettres fin 2015 dans le prolongement des études consacrées à la Première Guerre mondiale – voir le dossier 14-18. Écrire la guerre).
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FADBEN
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Pour une reconnaissance des professeurs documentalistes. Entretien avec Florian Reynaud, président de la FADBEN.
Tous les trois ans, la Fédération des enseignants documentalistes de l’Éducation nationale (FADBEN) tient congrès. Le thème de cette année ? «Enseigner-apprendre l’informationdocumentation ! Approches didactiques et démarches pédagogiques pour développer la culture de l’information des élèves
On l’a compris, pour cette association qui regroupe des professeurs documentalistes de collèges, de lycées et de l’enseignement supérieur, l’élève et sa culture de l’information dans un paysage en constante mutation sont au coeur du débat. Florian Reynaud a accepté de répondre aux questions de L’École des lettres sur l’histoire et le rôle de l’instance qu’il préside, sur la place du professeur documentaliste au sein de l’établissement, sur sa formation, sur la réforme des collèges, mais aussi – surtout ? – sur les attentes d’une profession en mal de reconnaissance.
L’École des lettres. – Pouvezvous rappeler ce qu’est la FADBEN, comment elle est née et quel est son rôle actuel ?
Florian Reynaud. – La FADBEN a été créée en 1972, juste avant l’implantation systématique des CDI dans les établissements scolaires, quand les centres de documentation se sont davantage tournés vers les élèves, alors qu’auparavant ils étaient plutôt destinés aux enseignants. La création de la FADBEN a accompagné ce mouvement en direction des élèves. L’un de ses apports essentiels a consisté à favoriser la création du CAPES en 1989, qui a transformé les documentalistes bibliothécaires en professeurs documentalistes.
Il y a donc eu, entre 1972 et 1989, une première évolution vers la reconnaissance de compétences pédagogiques consistant à aider les élèves à maîtriser leur environnement informationnel et à améliorer leur accès à la lecture. Ce sont, en effet, nos deux axes de travail fondamentaux : amener progressivement l’élève à collecter, exploiter, restituer l’information, et lui donner le goût de la lecture.
À partir de 1989, la FADBEN a mené tout un travail autour de la reconnaissance de ces missions afin d’en préciser les contenus au niveau pédagogique. Cependant, nous avons également conservé l’idée d’une diversité des missions du professeur documentaliste.
Une circulaire, en date de 1986 mais toujours valable aujourd’hui, considère que le professeur documentaliste est gestionnaire du CDI, responsable pédagogique par rapport aux élèves (tant dans leurs recherches d’informations que dans leur ouverture culturelle). Lui incombe, en outre, un travail de collaboration non seulement avec les autres enseignants, mais avec la communauté éducative dans son entier, c’est-à-dire aussi avec l’administration, les personnels de la vie scolaire et les parents d’élèves.
Nos quatre axes d’activité sont donc les suivants : gestion du CDI, pédagogie autour de l’information et de la documentation, collaboration avec les autres enseignants, la direction, les parents, et ouverture culturelle des élèves, tant sur le plan littéraire que scientifique et technique. Il s’agit, en effet, de leur apporter des éléments au-delà du strict cadre disciplinaire : expositions, sorties, etc.
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"la leçon de français", AEFE
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« La Leçon de français » Lycées français à l’étranger : d’anciens élèves se souviennent. Le système scolaire français: loin des yeux, près du cœur ? par Sarah Sauquet.
À l’occasion des vingt-cinq ans de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger), célébrés le 10 avril dernier à Paris, et dans les établissements concernés, le passionnant ouvrage La Leçon de français. Lycées français à l’étranger : d’anciens élèves se souviennent (Actes Sud / AEFE, 2005) a été remis en avant.
Ce recueil de quarante et un témoignages, que l’on doit à la journaliste Nadine Vasseur, rassemble les souvenirs d’anciens élèves de lycées français à l’étranger. Ils ont étudié dans le monde entier, de Vienne à Santiago du Chili en passant par Bruxelles, pour Françoise Nyssen, présidente des éditions Actes Sud. Ils sont de différentes nationalités : uruguayenne, comme Guillermo Dighiero, actuel ambassadeur de l’Uruguay en France et fondateur de l’Institut Pasteur de Montevideo ; syrienne, comme l’historien et éditeur Farouk Mardam-Bey ; italienne, comme le scénariste Enrico Vanzina.
Ils sont artistes, scientifiques, journalistes ou politiciens. Ils sont parfois célèbres, comme l’écrivain George Steiner, la dessinatrice Marjane Satrapi, l’actrice Jodie Foster ou l’ancien secrétaire général de l’ONU Boutros Boutros-Ghali. Certains ont grandi dans des milieux socioculturels très privilégiés, d’autres ont connu des parcours plus chaotiques, telle l’étonnante Hannah Simon, ambassadrice de l’Érythrée en France, qui quitta le lycée français d’Addis-Abeba à seize ans seulement pour rejoindre le Front populaire de libération de l’Érythrée, treize années durant.
Tous ont fréquenté des établissements de l’AEFE entre 1930 et 1970 – les dates ont leur importance – et tous évoquent la façon dont la culture et l’enseignement français les ont marqués, influencés, structurés.
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"L'Avocat aux pieds nus", de Chen Guangcheng
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«L’Avocat aux pieds nus », de Chen Guangcheng. Quand l’autobiographie devient thriller politique, par Frédéric Palierne.
Un homme tente de s’enfuir de sa résidence surveillée. Soixante-dix gardes se relaient pour en condamner les issues, les harceler quotidiennement, lui et sa famille, leur confisquer toute possibilité d’expression, jusqu’au moindre bout de papier. Cet homme est, de surcroît, aveugle. Il rampe sur les toits, apprend chaque détail du terrain – il chute.
C’est ainsi, à la manière d’un thriller, que s’ouvre L’Avocat aux pieds nus (Globe, 2015), l’autobiographie à la fois simple et stupéfiante du dissident chinois Chen Guangcheng. Il y retrace chacune des étapes l’ayant conduit à cette situation désespérée et raconte comment, après une enfance paysanne et des études de médecine, il s’est tourné vers la défense des droits de l’homme, cause qui lui valut de subir la violence, la prison et l’exil.
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Dis-moi dix mots 2015-2016 Concours de l’imagier des dix mots, Concours des dix mots
Chaque année, dix mots sont proposés par les partenaires francophones – France, Belgique, Québec, Suisse et Organisation internationale de la Francophonie qui regroupe quatrevingts États et gouvernements dans le monde – comme supports de création et de réflexion.
La thématique retenue pour l’année 2015-2016, Dis-moi dix mots en langue(s) française(s), met l’accent sur la profusion de termes et d’expressions qui expriment des réalités et des cultures différentes, selon que l’on se trouve à Bruxelles, Kinshasa, Genève, Port-au-Prince, Montréal ou Paris.
Ont ainsi été proposés : chafouin (ine), fada (France) ; tap-tap (Haïti) ; dépanneur, poudrerie (Québec) ; champagné (Congo) ; vigousse, ristrette (Suisse) ; dracher, lumerotte (Belgique).
En règle générale, la diffusion de ces termes n’excède pas les territoires où ils sont en usage, mais ces particularismes lexicaux fécondent le français, sans pour autant empêcher la communication dans une langue partagée. Ils nous font percevoir que chaque francophone est porteur d’un imaginaire et d’une identité singuliers, qui enrichissent et nourrissent les échanges avec les francophones du monde entier. Le Concours de l’imagier des dix mots, qui s’adresse aux écoles primaires, le Concours des dix mots aux collèges et lycées en France et à l’étranger, sont donc l’occasion de partir à la découverte du français parlé sur les différents territoires de la Francophonie. Vos élèves y trouveront, à l’instar de cette liste, une incroyable diversité de mots et d’expressions populaires et savoureux, décrivant le quotidien avec humour et poésie.
Calendrier des concours
■ ÉCOLES : Concours de l’imagier des dix mots. – Inscription : jusqu’au 15 février 2016, envoi des productions avant le 31 mars sur le site eduscol.education. fr/concours-imagier-dix-mots. ■ COLLÈGES ET LYCÉES : Concours des dix mots. – Préinscription jusqu’au 31 janvier 2016, inscription jusqu’au 29 février, dépôt des projets avant le 20 mars sur le site reseaucanope.fr/dis-moi-dix-mots.
L’École des lettres, partenaire de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France et du ministère de l’Éducation nationale, présente sur son site les créations des élèves primées ces dernières années, ainsi que des pistes pédagogiques.
Télécharger la plaquette de présentation Dis-moi dix mots 2015-2016.

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Programme (partiel) de l’École des lettres 2015-2016.
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Tous les sommaires, de 2008 à 2015.
Tous les articles, de 1990 à 2015 : Recherche rapide ou Recherche avancée.
 
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